«La vie est remplie de surprises», dit Andréanne Marcotte, propriétaire d’une clinique d’acupuncture à Saint-Raymond. La jeune femme est de retour d’un voyage hors du commun en Inde, un périple de sept semaines qui l’a conduite jusque dans un bidonville de Mumbai où elle a travaillé bénévolement avec l’équipe de «Barefoot Acupuncturists».
Durant près de trois semaines, la Portneuvoise a donné au prochain dans des cliniques créées pour soigner les plus pauvres et qui accueillent en moyenne une trentaine de patients par jour. Elle était la première Québécoise à oeuvrer avec les «Acupuncteurs aux pieds nus».
Témoignage
Nous reproduisons ici la lettre qu’elle nous a transmise au sujet de son expérience :
«La vie est remplie de surprises. Une idée… partir à l’aventure. Découvrir un pays inconnu, les gens qui y vivent, leurs rituels. Observer le savoir-faire des travailleurs, le sourire des enfants d’ailleurs. Découvrir ce qui fait vibrer les cœurs, ce qui illumine les vies.
Découvrir un nouveau pays, et en découvrir encore un peu sur soi-même…
«Et voilà que ce qui ne devait être qu’un voyage de découverte, le sac au dos, à travers l’Inde, s’est transformé en une expérience tant professionnelle que personnelle. Pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable, aller voir comment se pratique mon métier à l’autre bout du monde?
«C’est un coup de foudre professionnel qui m’a frappée lors de ma rencontre par Skype avec Walter Fisher, un acupuncteur belge ayant fondé à Mumbai (Bombay) les cliniques Barefoot Acupuncturists (Les Acupuncteurs aux pieds nus). Passionné par son métier, cet homme d’action se nourrit en aidant son prochain. Et dans les bidonvilles de Mumbai, il y a beaucoup de «prochains» à qui venir en aide…
«Avec Ujwala Patil, une jeune travailleuse sociale indienne, il mit sur pied une première clinique en 2008. L’aventure se poursuit depuis et Barefoot Acupuncturists compte maintenant plusieurs cliniques à Mumbai ainsi qu’une dans le Tamil Nadu, au sud de l’Inde. Ces cliniques prodiguent des soins d’acupuncture gratuitement aux gens les plus démunis, issus des bidonvilles.
«L’acupuncture permet de traiter un large éventail de pathologies et son approche holistique nécessite un interrogatoire approfondi, permettant de déceler les situations d’urgence et de confier rapidement à un médecin les cas qui le nécessitent. Parce que les soins de santé pour les personnes vivant dans les bidonvilles indiens sont souvent difficilement accessibles, voire inexistants, la présence de ces cliniques est un outil fantastique et inespéré.
«C’est donc après trois semaines à parcourir l’Inde à bord de trains et de «touc-touc» que je me retrouve à Mumbai, accueillie par une Ujwala tout sourire, cofondatrice des cliniques Barefoot, ainsi que par Reyes et Suzan, deux autres bénévoles venues de la Belgique et de Victoria en Colombie-Britannique.
«Les petites abeilles qui travaillent d’arrache-pied au sein de ces cliniques sont d’origine indienne pour la plupart, mais plusieurs bénévoles venus des quatre coins de la planète se joignent chaque année à cette fabuleuse équipe l’instant de quelques semaines. Pour offrir leur temps, leur savoir-faire. Pour échanger connaissances et expériences. Pour participer un tant soit peu à soulager la souffrance, à semer l’espoir dans cet océan où la détresse fait partie du quotidien.
«C’est à leurs côtés que j’ai eu la chance de pratiquer ce métier que j’aime tant, en leur compagnie que j’ai découvert, au fil de ces semaines, une autre facette de mes petites aiguilles. J’ai approfondi mes connaissances en tant qu’acupunctrice, bien sûr. Les conditions de vie, l’alimentation et le climat indien engendrent des pathologies parfois différentes de celles traitées dans les cliniques du Québec. Les observations et les échanges avec mes collègues indiens furent plus que formateurs. Et que dire des conditions de travail! Prodiguer des soins dans une clinique rudimentaire, à quelques mètres d’une voie ferrée, sous les yeux d’un coq et d’une chèvre qui passent par là… voilà une excellente façon de sortir de sa zone de confort.
«Mais ma courte présence au sein de Barefoot fut par-dessus tout une expérience humaine. Où l’amour de son prochain est le leitmotiv quotidien. Où chaque geste, chaque sourire, chaque regard de compréhension vaut son pesant d’or. Une expérience d’échange à cerveau, corps et cœur ouverts. C’est la découverte d’une famille, qui m’a accueillie à bras ouverts comme si je faisais partie du clan depuis toujours. Cette famille, je la garde dans mon cœur. La conviction, la passion, le dévouement et le désir d’apprendre et de partager dont j’ai été témoin là-bas sont une source d’inspiration inépuisable. Une inspiration qui incite à donner le meilleur de nous, à évoluer, à s’investir… ailleurs comme ici.»
Retour
À son retour chez elle, Andréanne Marcotte a voulu continuer à aider les gens de Barefoot. Durant deux mois, elle a mis de côté 1$ par traitement prodigué à sa clinique. Ses patients avaient aussi la possibilité de participer à la collecte de fonds. Un montant de 735$ a été amassé et remis aux Acupuncteurs aux pieds nus il y a quelques semaines.
«Le lendemain de l’envoi, ce sont les mots d’un Walter Fisher ému, surpris et très heureux de recevoir ce cadeau que j’ai eu le plaisir de lire. Un merci infini pour votre générosité, votre beau geste a permis d’illuminer toute l’équipe de Barefoot, ainsi que beaucoup de vies», dit Mme Marcotte à ses patients et donateurs. L’argent servira à acheter des aiguilles et à repeindre les murs et plafonds des cliniques.
La jeune femme souhaite un jour retourner travailler avec les Acupuncteurs aux pieds nus. «J’ai appris vraiment beaucoup là-bas», résume-t-elle.
Le bidonville, la voie ferrée et les débris sur le sol en bordure de l’une des cliniques à Mumbai.
Les patients de milieux défavorisés bénéficient de traitements gratuits dans les cliniques.
