Plus d’une centaine d’employés de Ciment Québec, de Saint-Basile, ont manifesté cet avant-midi sur la Colline parlementaire leur opposition à la participation de 350 millions du gouvernement du Québec à la Cimenterie de Port-Daniel-Gascon, en Gaspésie. Au même moment, les actionnaires de la compagnie donnaient le coup d’envoi au projet de 1 milliard en présence de la première ministre Pauline Marois.
«On n’est pas dupes, on va à Québec pour manifester notre grogne», a déclaré le président-directeur général Luc Papillon avant de monter à bord de l’un des trois autobus qui ont pris la direction de Québec vers 9h.
La première ministre Pauline Marois a confirmé ce matin l’injection de 350 millions en prêts et participation par Investissement Québec. De plus, la Caisse de dépôt prendra une part de 100 millions en capital-actions. La cimenterie lancera ses activités à l’été 2016 et emploiera 200 personnes.
Luc Papillon a qualifié de «purement électoraliste» la décision du gouvernement de soutenir financièrement une cimenterie qui concurrencera une industrie déjà en surcapacité de production au Québec. «Le gouvernement du Parti québécois, qui en arrache au niveau économique depuis son entrée au pouvoir, nous fait la preuve de son incapacité à prendre des décisions économiques sensées», a-t-il déclaré en entrevue.
En 2013, les quatre cimenteries québécoises ont produit 2 millions de tonnes sur une capacité de 3,7 millions. «La cimenterie à Saint-Basile a opéré à 60% de sa capacité», a souligné son président. La Cimenterie de Port-Daniel – Gascons ajoutera sur le marché 2,2 millions de tonnes de ciment, avec un potentiel de 2,5 millions, dont la grande majorité sera exportée, ont indiqué les représentants de la cimenterie, Ciment McInnis et Beaudier. Le projet né il y a 20 ans avait une capacité de 1 million de tonnes.
Le président de Ciment Québec, Luc Papillon, rejette la main la prétention de Ciment McInnis de viser exclusivement l’exportation: «Mcinnis a toujours prétendu qu’en étant aux États-Unis il n’affecterait pas les cimentiers québécois, c’est totalement faux. Ça fait 30 ans que je suis là-dedans, il n’y a aucune cimenterie au monde qui ne vit que pour l’exportation», a déclaré le président de Ciment Québec.
En plus de concurrencer les cimenteries au Québec, la nouvelle cimenterie gaspésienne les concurrencera aux États-Unis: «C’est exactement les mêmes marchés qu’ils visent, de la Virginie jusqu’au Maine. Ce sont les mêmes marchés qui sont actuellement couverts par les cimentiers du Québec.»
Luc Papillon se dit prêt à faire face à la musique si le projet se faisait en totalité avec des fonds privés. «Je respecte la notion de libre concurrence, mais quand le gouvernement vient s’y impliquer à la hauteur qu’il le fait, ça, c’est totalement inacceptable, c’est irrespectueux du personnel qui paie ses impôts et ses taxes depuis plus de 60 ans ici pour éviter qu’on ait du chômage», a-t-il ajouté, précisant que le Groupe Ciment Québec compte 700 employés au Québec et 180 à l’usine de Saint-Basile. C’est sans compter les nombreux fournisseurs et sous-traitants qui gravitent autour de la cimenterie.
«Ce n’est pas de la création d’emplois qu’ils font, c’est du déplacement d’emplois», a déclaré le maire de Saint-Basile Jean Poirier qui était du voyage ce matin.
«Il y a cinq, six ans, Saint-Basile était dévitalisé comme le secteur ouest du comté qui en arrache. Ça prendrait peu de choses pour repasser à municipalité dévitalisée. On a des entreprises privées, c’est avec elles que notre développement se fait», a déclaré le maire Poirier.