«J’ai créé le commerce que j’ai voulu fréquenter», affirme Julie Légaré, copropriétaire de Matériaux récupérés de Portneuf. En ouvrant son commerce, elle réalise son rêve: réduire le gaspillage des matériaux de construction.
Ironie du sort, le commerce de matériaux récupérés qui a ouvert ses portes le 26 avril fait aussi revivre l’ancienne meunerie de la rue Tessier Est, condamnés à la démolition à l’automne 2012.
«Quand j’ai lu dans le Courrier que ça allait être déconstruit, je me suis décidée et j’ai mis mon projet à exécution», a confié l’entrepreneure originaire des Bois-Francs installée à Grondines depuis quatre ans.
Julie Légaré a passé la dernière année et demie à accumuler la marchandise qu’elle offre à la clientèle locale, aux restaurateurs et aux décorateurs à la recherche de matériaux anciens. Elle a déniché des portes, des fenêtres, du bois, des articles de quincaillerie usagés (plomberie et électricité) parfois introuvables. Son inventaire couvre déjà une partie des 12 000 pieds carrés de l’édifice.
Lors de l’inauguration, elle a invité les gens à penser à son entreprise avant de se débarrasser de matériaux de construction.
«Avant de penser à la quincaillerie ou au dépotoir, venez nous voir», a lancé Julie Légaré lors de l’inauguration. Mais ce n’est pas une deuxième ressourcerie, insiste-t-elle. Elle n’accepte ni les meubles ni les articles de maison.
Faire du neuf avec du vieux. C’est la mission que se donne Julie Légaré et son partenaire d’affaires Jean-Vincent Bazinet, créateur de la ligne Reforme qui fabrique des pièces uniques faites de matériaux recyclés. Ils souhaitent conscientiser la population à l’importance de réutiliser les matières premières pour la construction. Ils souhaitent que leur commerce devienne une plaque tournante de la déconstruction, qui consiste à défaire manuellement un bâtiment pour en conserver les matériaux.
«Les gens peuvent venir ici pour faire des dons, pour acheter des matériaux à plus petit prix ou bien nous appeler pour de la déconstruction», précise Julie Légaré qui détient sa licence de la Régie des bâtiments du Québec.
«Cette mission correspond aux valeurs de la Régie régionale de gestion des matières résiduelles de Portneuf qui veut détourner de ses sites d’enfouissement le maximum de matières», affirme Dominic Tessier, maire de Saint-Casimir et vice-président de la RRGMRP. Le député Michel Matte et Régent Saint-Hilaire, mentor d’affaires ont salué cette initiative jamais vue dans Portneuf.
Plus de 40 000$ ont été investis dans la création de l’entreprise. Julie Légaré et Jean-Vincent Bazinet ont reçu un prêt de la Fondation canadienne des jeunes entrepreneurs. Avec un entrepreneur général en construction, ils sont devenus copropriétaires de l’ancienne meunerie.
Le magasin est ouvert du jeudi au samedi. Le reste du temps, Mme Légaré continue à s’attaquer aux défis amenés par son désir de se spécialiser dans la déconstruction. Elle veut faire des démarches pour déréglementer cette opération afin d’éviter d’engager des travailleurs de chantier et souhaite fonder une coopérative de travailleurs pour l’aider dans ses projets.