La chocolatière qui tient boutique à Deschambault-Grondines parle avec enthousiasme de son travail unique en son genre, «une passion pourtant née par hasard», dit-elle.
Mme Vachon a vécu les premières années de sa vie à Sainte-Brigitte-des-Saults, non loin de Drummondville. Rien ne la dirigeait vers le métier de chocolatière pâtissière, si ce n’est qu’on lui a raconté qu’elle cuisinait toute petite avec sa grand-mère. Elle n’avait pas non plus toute jeune la dent sucrée outre mesure ou une attirance marquée pour le chocolat.
Son plan de carrière n’étant pas établi à l’adolescence et éprouvant des difficultés à l’école, elle ne complète pas ses études secondaires. «Je suis une décrocheuse», avoue-t-elle.
La jeune femme quitte sa région natale en 1999 pour Québec, où elle passe alors de petits boulots à petits boulots. C’est à son retour d’un voyage de découverte de deux mois en France que sa vie prend un tournant.
Ayant besoin de sous pour regarnir son portefeuille, la femme offre ses services pour un emploi au Choco-musée Erico à Québec, où elle était cliente.
Sa première tâche: faire des boucles sur des boîtes. Elle obtient ensuite un emploi à temps plein comme caissière puis comme gérante au sein de la chocolaterie. Son intérêt pour le travail de chocolatier grandit à ce moment. «Ça avait l’air trippant ce qu’ils faisaient», raconte-t-elle.
Mme Vachon décide alors de retourner aux études dans le domaine de la pâtisserie. Cette fois, l’intérêt est présent et elle découvre toutes les avenues du métier. Elle obtient un Diplôme d’études professionnelles (DEP) en pâtisserie en 2004, remportant au passage une médaille d’argent aux Olympiades professionnelles régionales.
Stages de prestige
Bien qu’elle a complété les stages en entreprise requis durant sa formation – au restaurant Le St-Amour à Québec et à L’eau à la bouche à Sainte-Adèle – , la femme estime qu’il lui faut prendre plus d’expérience avant de s’attribuer le titre de pâtissière. «Je trouvais que le cours était trop court. J’avais un diplôme, mais j’avais le syndrome de l’imposteur. Je manquais de confiance», explique Mme Vachon.
La dynamique diplômée effectue plusieurs stages non rémunérés en France et en Belgique afin de parfaire ses connaissances auprès de maîtres chocolatiers réputés. «J’ai rencontré une quarantaine de chefs durant les voyages», souligne-t-elle.
Emplois de prestige
Un stage en Alsace lui ouvre ensuite les portes d’un emploi auprès du chef propriétaire Daniel Rebert de la Maison Rebert à Wissembourg. Un contrat d’une année à titre d’entremétier en pâtisserie lui permet de perfectionner ses techniques auprès d’artisans réputés.
«Il y a un système très hiérarchique, très rigide dans les chocolateries en Europe. Ce fut une année très dure, mais très enrichissante», souligne Mme Vachon.
À son retour au Québec avec un curriculum vitae enrichi et une plus grande confiance en ses capacités, la chocolatière décroche un poste de chef de pâtisserie de soir au Château Montebello de la prestigieuse chaîne hôtelière Le Fairmont.
Choisir Deschambault
Âgée de 30 ans, Julie Vachon quitte son emploi au Château Montebello qu’elle occupe depuis une année et demie pour lancer sa propre entreprise à Deschambault-Grondines. «J’aime mieux faire ce que j’aime que de faire de l’argent, me suis-je dit à l’époque», se souvient-elle.
Mme Vachon connaissait des gens à Deschambault et elle a toujours adoré l’endroit. «Je trippe sur le village. C’est tellement beau et il y a le fleuve. Je suis passée de l’idée fixe de vivre à Deschambault à l’idée fixe de démarrer une chocolaterie à Deschambault», précise-t-elle.
Sa chocolaterie artisanale a ouvert ses portes en juin 2011. Elle estime y travailler entre 60 et 90 heures par semaine durant la haute saison pour créer ses produits. Elle ne regrette pas sa décision.
«C’est vraiment de l’artisanat. J’adore transformer la matière première jusqu’à un produit fini. La pâtisserie est un laboratoire», affirme la femme.
La crème et le beurre sont grandement utilisés par Mme Vachon dans sa cuisine. Le chocolat provient surtout de pays de la ceinture équatoriale de la planète, notamment de la Côte d’Ivoire.
Parmi les quelque 200 variétés de produits qu’elle confectionne, Mme Vachon est particulièrement fière du chocolat «Tendresse». «Je me disais que jamais je n’allais le réussir. Un chef en Alsace m’a donné son livre de recettes, ce qui est très rare. Un beau jour, je me suit dit go je le fais et j’ai réussi», raconte celle dont l’entreprise comprend chocolaterie, pâtisserie, confiserie et glacerie.
Honneurs
Mme Vachon, qui offre des ateliers pour chocolatiers amateurs, accumule les honneurs depuis qu’elle a créé son entreprise dans Portneuf.
Après des prix remportés au volet local du Concours québécois en entrepreneuriat en 2012, au Gala Valoris et au Marché public de Deschambault en 2013, Julie Vachon Chocolats fait partie des six entreprises gagnantes du concours provincial Entreprends tes rêves 2014, dont les prix ont été décernés le 13 mai dernier.
Mme Vachon apprécie les honneurs, mais elle maintient que c’est dans sa cuisine à créer de nouveaux produits qu’elle préfère évoluer.