Remplacer la passe migratoire de Cap-Santé, rendue inutilisable depuis la rupture du barrage de Donnacona, le 18 mai, s’avère plus difficile que prévu, reconnaît Antoine Bourke, directeur général de la Corporation du bassin versant de la Jacques-Cartier (CBJC).
La barrière de métal posée entre les deux rives est un aménagement exceptionnel pour capturer du saumon dans le but de le transporter dans un lieu de reproduction, comme le fait la CBJC. «C’est utilisé habituellement pour des études scientifiques», explique M. Bourke.
Afin de faciliter la montée du saumon, l’organisme a aménagé une glissade et ouvert deux brèches dans un batardeau apparu en amont du barrage. L’ouvrage est probablement centenaire et aurait pu servir à retenir l’eau lors de la construction du barrage. Mais il s’agit de spéculations puisque personne ne connaissait son existence, indique M. Bourke.
L’an dernier, à pareille date, 181 saumons avaient gravi la passe migratoire. La CBJC a capturé 330 saumons en 2012 et 263 en 2013.
La diminution radicale cette année a plusieurs causes. La montaison était déjà commencée lorsque la barrière a été mise en place. De plus, une dizaine de saumons ont été perdus, estime Antoine Bourke, soit qu’ils se sont échappés, sont morts ou ont été braconnés. Seulement deux cas de braconnage ont été portés à son attention, mais il pourrait y en avoir d’autres.
Interdiction de pêche
Avec la disparition du réservoir du barrage, saumons et saumoneaux sont plus faciles à pêcher accidentellement. Or, la pêche au saumon est interdite sur toute la rivière Jacques-Cartier.
De plus, l’article 20 de la Loi fédérale sur les pêches fait en sorte que la pêche à toute espèce de poisson est interdite «à moins de 23 mètres en aval de l’entrée inférieure de toute échelle à poissons ou passe migratoire, de tout obstacle ou espace à sauter». Cette interdiction de pêche s’applique aussi bien au barrage de Donnacona, au batardeau comme à la barrière installée entre les ponts de la route 138 et de l’autoroute 40.
«Il faut faire la différence. Il n’y a pas de remise à l’eau obligatoire, la pêche est interdite [dans ces secteurs]», affirme Antoine Bourke. Les lieux sont sous surveillance caméra.
La CJBC prévoit demander au gouvernement d’étendre cette interdiction toute la portion entre le pont de la rue Notre-Dame et la barrière en 2015 si la reconstruction du barrage n’est pas entreprise d’ici là. Dans la portion en aval de la rue Notre-Dame, la pêche à toutes les espèces, sauf le saumon, est permise, au lancer léger comme à la mouche.