Il y a deux semaines, les responsables de la Caserne du lin ont annoncé la fermeture de l’entreprise d’économie sociale à la fin août. Elle ne peut poursuivre ses activités de fabrication et de vente d’articles en lin.
Invité à commenter la fermeture de l’entreprise qu’il dirigeait depuis sa fondation, en 1989, Gilles Girard affirme que la Caserne a fait ce qu’elle avait à faire pour régler la situation sans précédent à laquelle elle était confrontée. Une employée a subtilisé 22 000$. La fraude qui s’est étendue sur plusieurs mois a été découverte en février.
«La municipalité voulait que j’appelle la police alors que notre priorité était d’essayer de récupérer notre argent, pas de punir», raconte Gilles Girard. Une entente a été conclue avec l’employée pour récupérer le montant dont elle s’était emparé. Une plainte a été déposée à la Sûreté du Québec en juin.
Le conseil municipal aurait préféré que la Caserne du lin porte plainte plus rapidement. «Les gens de la Caserne voulaient régler à l’interne et on n’était pas d’accord. Comme la Caserne n’était pas prompte à réagir, cela nous a donné l’impression qu’elle voulait camoufler ça. On ne voulait pas être complices du camouflage d’une fraude. On administre les taxes des contribuables. Le lien de confiance n’était plus là», a expliqué le maire Denis Langlois.
Lors d’une réunion spéciale le 18 mars, le conseil municipal a retiré la subvention de 5000$ prévue au budget 2014. Elle a retiré sa représentante du conseil d’administration de la Caserne.
«La municipalité s’est désistée parce qu’elle a considéré qu’on avait mal géré la crise, résume Johanne Sanche qui a pris la relève de Gilles Girard après sa démission en juin. On a agi comme il se doit en tant que bon administrateur et pour que ça ne se reproduise plus.»
Mme Sanche s’attriste de la fermeture de la Caserne du lin qu’elle attribue à «un ensemble de facteurs qui, isolés, auraient pu s’arranger». «La Caserne va fermer, c’est trop triste. Beaucoup de gens ont appris à tisser, elle a gardé le patrimoine», dit-elle.
Le maire Denis Langlois estime que son «apport économique était limité» à Saint-Léonard. Comme préfet de la MRC de Portneuf, responsable de la politique culturelle régionale, M. Langlois affirme qu’il n’est pas un défenseur «de la culture à tout prix».
L’édifice du 280 de la rue Pettigrew sera récupéré par la municipalité. D’ici le 31 août, la Caserne du lin écoule ses articles.
Et pour la Biennale
En plus de tirer un trait sur la longue histoire qui liait le lin à Saint-Léonard, la fin de la Caserne du lin aura un impact sur la Biennale internationale du lin de Portneuf. Les deux organismes étaient chapeautées par le Comité de mise en valeur du lin, qui disparaîtra. La Biennale internationale du lin de Portneuf devra se trouver un nouveau siège social et réorganiser son conseil d’administration, a indiqué sa directrice Dominique Roy.
«C’est sûr qu’on était liés fortement à la Caserne. C’est un deuil qu’il faut faire», affirme Mme Roy. Elle y voit toutefois une étape pour la Biennale qui va devenir le seul événement lié au lin dans la MRC de Portneuf. «Cela va donner une réalité juridique à la Biennale et ça va évoluer. Ça a créé des inquiétudes, mais tout le monde nous soutient», conclut Mme Roy.