Bien que la construction du barrage de Donnacona en 1913 ait sonné les derniers jours de la population du saumon dans la rivière Jacques-Cartier, il faut aussi considérer l’«aménagement» de la rivière pour faciliter le flottage du bois. Il en a résulté deux conséquences majeures pour le saumon: la disparition presque complète des frayères en aval des gorges Déry et des modifications dans le profil de ces dernières, devenant presque infranchissables.
Suite à l’arrêt du flottage du bois en 1976, le projet de réintroduction du saumon dans la Jacques-Cartier a vu le jour avec la fondation de la Corporation de restauration de la Jacques-Cartier (CRJC) en 1979. Le barrage, autrefois dévastateur, est alors devenu un outil essentiel au succès du projet. Dès 1981, une passe migratoire avec un système de capture était aménagée pour transporter les géniteurs en amont des gorges Déry, leur donnant accès aux frayères essentielles à la recolonisation de la rivière.
Malheureusement, les efforts d’aménagement des gorges Déry pour les rendre franchissables au milieu des années 1990 ne se sont pas révélés à la hauteur des attentes.
La survie du saumon dans la rivière dépend de notre capacité à le capturer et à le transporter vers ses frayères en amont des gorges Déry. Le barrage de Donnacona, grâce à sa passe migratoire adaptée, nous permettait de le faire facilement et à faible coût.
La rupture du barrage pose un réel problème. Le milieu auquel les saumons ont accès librement maintenant, jusqu’aux gorges Déry, a été transformé considérablement et ne permet plus la reproduction. La population de la Jacques-Cartier risque de s’éteindre d’ici quelques années.
C’est pourquoi des efforts considérables sont actuellement déployés par tous les partenaires du projet, qu’ils soient gouvernementaux, producteurs hydroélectriques, scientifiques ou de la CBJC, pour assurer la survie de la population de saumons.
Claude Sauvé
président de la CBJC