Plus de 1200 producteurs du Québec se sont rassemblés pour dénoncer le rapport commandé par le ministre de l’Agriculture Pierre Paradis.
Pour Alain Gauthier, copropriétaire de l’érablière les 5-Zef, à Rivière-à-Pierre, et président du Syndicat des producteurs acéricoles de la région Québec-Rive-Nord, le rapport, s’il est appliqué, retournerait les producteurs acéricoles 40 ans en arrière.
Ce rapport propose une libéralisation de la production et de la vente du sirop d’érable, dans le but de contrer une perte de parts de marché de l’industrie acéricole québécoise sur le marché mondial. L’UPA y voit une menace au plan conjoint mis en place à la fin des années 1980 pour gérer cette production, stabiliser les prix et les revenus des acériculteurs.
La région de Portneuf est un gros joueur avec 60% des 1,3 million d’entailles sous plan conjoint dans la région de Québec, rappelle Alain Gauthier.
«En 1988, 30 millions de livres se faisaient au Québec, on est rendus à 100 millions. Les Américains prennent du marché peut-être un peu plus vite, mais on ne perd pas de marché, on en gagne tous les ans», affirme M. Gauthier, qui précise que les exportations vers les États-Unis ont crû de 5 millions de livres depuis 2010.
Mais le nord des États-Unis et l’Ontario possèdent un gros potentiel d’entailles qui, s’il était exploité, modifierait la donne, craint le gouvernement.
Le Québec a également un potentiel, expose Alain Gauthier. «Depuis mai 2015, on est en demande pour 500 000 entailles à la Régie des marchés agricoles, et depuis septembre, pour 2 millions de plus. Mais la Régie ne rend pas de décision», explique-t-il.
Les acériculteurs du Québec ont investi des millions de dollars dans la qualité du sirop et la promotion, ce que les Américains ne font pas, ajoute-t-il.
Le président du Syndicat explique que ce sont des producteurs sans quota qui veulent vendre du sirop en vrac en dehors de l’Agence de vente qui remettent en question du système de production contingentée.
«Ce sont les hauts et les bas dont on ne veut plus. En 1988, le sirop était à 2,30$ la livre en début de saison et en fin de saison les acheteurs offraient 90 cents la livre. C’est là que le plan conjoint a parti. C’est gagnant aussi pour le consommateur puisqu’avec une réserve, le prix ne monte pas lorsqu’il y a rupture de stock», explique-t-il.
Une première coulée en février
Les producteurs ont presque terminé l’entaillage. Pourtant, même si le mois de février n’est pas terminé, certains ont déjà vu leurs érables couler, comme à l’érablière des 5-Zef.
«En 35 ans de production, il y a cinq ans durant lesquels j’ai fait du sirop en février. Ce n’est pas complètement inhabituel», dit Alain Gauthier.