Toute personne qui a voyagé en Europe a pu être témoin des vestiges de l’époque des seigneurs et des rois. On peut y constater à quel point les écarts de richesse étaient criants d’injustice. Des économistes et des philosophes d’alors ont commencé à mettre en doute et à questionner la moralité sociale d’une telle inégalité. Les privilégiés de cette époque légiféraient à leur avantage d’autant plus facilement qu’ils invoquaient un droit divin. Les échos de l’époque nous parviennent encore : Le roi étant roi par la volonté de dieu, il allait de soi que les seigneurs de son règne l’étaient tout autant. Le cercle vicieux fut brisé lorsque les hommes ont adhéré aux idées de justice et d’égalité entre les personnes. La civilisation était en marche. Quelques révolutions aidant, on a mis en commun une bonne partie de l’argent disponible pour créer des biens pour tous. Ça s’est appelé l’impôt. Il a rendu possible une éducation pour tous, permis l’accessibilité aux soins de santé, créé des routes, etc. La bourgeoisie qui avait succédé à l’aristocratie s’est servie des innovations pour développer l’économie en fonction de ses intérêts. Ainsi est né le système capitaliste, avec ses lois, sa morale, son idéologie. Au fil des deux derniers siècles, tous ont pu profiter de cette nouvelle économie. Mais certains plus que d’autres. Cependant au-delà d’un certain niveau, l’impôt réduisait l’appétit des plus riches et les gouvernements réussissaient à l’occasion à règlementer les comportements trop véreux de certains. Les très riches sont donc partis en guerre contre l’impôt et la règlementation. Comme des drogués faisant tout pour avoir leur dose. La mondialisation et la technologie numérique sont venues à leur rescousse pour assouvir leurs instincts cupides. Des comptables mercenaires et des avocats retors leur ont pavé une voie royale vers des cieux fiscaux plus cléments. Les grands voyageurs vers ces paradis ont laissé loin derrière eux, 99% de la population, communément appelés les payeurs de taxes. Cette populace dont nous faisons partie se débat comme elle peut pour garder intacts les acquis de civilisation en matière d’éducation, de santé et de culture. Quant à eux, les nouveaux grands seigneurs, ils font tout pour ne pas payer leur part avec l’aide, bien entendu, de politiciens qui ont peur de leur déplaire allant jusqu’à concocter des législations faites sur mesure. Écoutez-les répéter ces jours-ci que toutes ces magouilles sont légales. Ben voyons ! Re-bienvenue au XVIIIe siècle, c’est le grand recul ! L’intervention divine en moins.