En 1959, un libraire québécois est arrêté et inculpé pour avoir enfreint la loi sur l’obscénité. Son crime : avoir vendu un exemplaire du livre L’amant de lady Chatterley. Un verdict de culpabilité fut rendu par la Cour supérieure et par la Cour d’appel. La cause fut portée devant la Cour suprême. Me Claude Wagner, futur ministre de la Justice du Québec, déploya tous ses talents pour faire condamner le pauvre libraire mais il échoua lamentablement. Les juges de la Cour suprême ont rendu un jugement exemplaire. Ils ont déclaré que le mot obscénité dans la loi devait être considéré à la lumière de l’époque de son interprétation et non de sa rédaction. En d’autres mots, ce qui était obscène en 1923, pouvait ne plus l’être en 1960. La Cour a donc tenu compte de l’évolution des faits et des mentalités et le libraire a été innocenté. Nous avons, depuis, accès au roman de D.H. Lawrence. Suite au massacre des enfants de l’école de Parkland en Floride, les insipides représentants républicains du Congrès à la solde de la toute puissante NRA, auraient avantage à s’inspirer de l’esprit de la décision de la Cour suprême dont je viens de faire état. Ces hypocrites se contentent, à chaque tuerie, de faire appel aux pensées et aux prières de la population pour les victimes. En attendant le prochain massacre. Et pour clore tout débat, ils se rabattent sur le fameux second amendement de la Constitution des États-Unis. Ce deuxième amendement, voté en 1791, garantit à tout citoyen américain le droit de porter des armes. Rappelons le contexte : les Américains venaient tout juste de gagner la guerre d’indépendance et n’ayant pas d’armée de métier. la création de milices populaires justifiait le port d’armes. Aujourd’hui, ce droit anachronique est brandi par la NRA qui exerce une grande influence sur l’idéologie de la population, notamment en répétant que le droit de porter des armes est aussi sacré que le droit de religion ou que le droit à la liberté d’expression. Ce sont des enfants qui se sont enfin soulevés pour tenir tête à ces semeurs de mort et leur dire que nous ne sommes plus en 1791 et qu’à l’époque il n’y avait pas d’armes d’assaut de destruction massive. Dans leur leçon sur l’obscénité, Ils interpellent aussi Donald Trump, cet idiot à qui Charlie Hebdo fait dire que « tous les Américains doivent être armés pour se protéger de tous les Américains armés ».