3. Leur vie, leur planète, nos traces Nous les voyons tous les jours. Dans une poussette à l’épicerie, en attente de l’autobus scolaire, à la sortie de la garderie, sur un terrain de jeu, à la bibliothèque ou tout simplement rivés à un écran quelconque. Ce sont nos petits voisins, nos enfants ou nos petits-enfants. Ils vont et viennent, heureux ou inquiets, pensifs ou indifférents. Ils vivent leur enfance pour notre plus grand plaisir car nous avons besoin d’eux pour nous rappeler l’innocence perdue. Pour nous aider à croire que l’avenir leur sourira. Mais à moins de mettre un voile sur notre lucidité, force nous est de constater que ces enfants vivront dans un monde qui ne sera pas le prolongement du nôtre. Ceci n’est pas une opinion, c’est un constat que nous imposent les limites de notre monde, de la seule planète dont nous disposons. Cette planète que nous leur laisserons et sur laquelle ils devront vivre même quand nous n’y serons plus. C‘est cette réalité qu’il faut avoir en tête quand nous regardons les enfants dans les yeux. Nous jurons nos grands dieux que nous les aimons. Mais est-ce les aimer vraiment que leur faire croire qu’ils pourront suivre nos traces comme si de rien n’était ? Est-ce les aimer vraiment que leur cacher qu’ils auront à inventer un autre monde et que la tâche ne sera pas facile ? Est-ce les aimer vraiment que leur faire épouser nos illusions ? Et si c’était eux qui nous rappelaient à l’ordre. Eux, dont un récent rapport nous disait qu’ils ne nourrissaient pas une passion particulière pour l’automobile. Eux qui ont déjà une conscience de l’impossibilité d’une croissance infinie sur une planète qui ne l’est pas et dont les ressources sont déjà déficitaires. L’actualité nous permet un peu d’espoir , si on est capable d’en tirer des leçons. Des centaines de milliers d’enfants américains sont descendus dans la rue en fin de semaine dernière pour dire à ceux qui font des profits immondes avec la vie d’innocents que leur temps est fini. Cela, j’en suis certain, ne fait que commencer. La conscience, une fois allumée, ne s’éteint pas. Demain vous les verrez conspuer les irresponsables drogués du profit qui volent les peuples dans les paradis fiscaux. Un jour, ils penseront à nous en se moquant du temps où les gens se disputaient autour de la rentabilité d’un tramway. Ce jour-là, espérons-le pour eux et pour nous, ils auront remis le monde sur les rails !