La CAPSA et des agriculteurs s’unissent pour ramener les oiseaux dans les champs

Photo de Denise Paquin
Par Denise Paquin
La CAPSA et des agriculteurs s’unissent pour ramener les oiseaux dans les champs

En moins de 50 ans, la modernisation de l’agriculture a fait disparaître plus de 60% des oiseaux champêtres au Québec. Un projet réalisé dans le secteur ouest de Portneuf pour les ramener pourrait même devenir un modèle pour la région et le Québec. Le 28 février, la CAPSA a souligné les efforts de 13 agriculteurs et propriétaires de terres agricoles qui ont participé à son projet d’aménagements et de pratiques culturales visant à mieux faire cohabiter leur agriculture avec les oiseaux champêtres. La CAPSA a amorcé ce projet en 2016 avec le concours de spécialistes du Club d’ornithologie de Québec et du Regroupement Québec Oiseaux et le soutien financier du ministère de l’Agriculture. Les éleveurs de bovins, les maraîchers et les producteurs laitiers de Deschambault-Grondines, Saint-Alban, Saint-Casimir, Saint-Gilbert et Saint-Thuribe qui y ont participé devraient commencer à voir cette année les résultats dans les nids qu’ils ont posés. En plus de modifier leurs pratiques agricoles (voir l’encadré), ces propriétaires ont installé des nids, des perchoirs et même deux refuges pour les hirondelles en forme de bâtiment ouvert de 12 pieds de haut. L’un est à Deschambault-Grondines et l’autre sur le terrain des loisirs à Saint-Thuribe, donc accessible au public. Chantal Leblanc, de la CAPSA, reconnaît que les exigences de rendements élevés posent des contraintes quasi insurmontables aux agriculteurs. Toute parcelle de champ doit être exploitée au maximum. «Ça met la barre haute quand vient le temps de parler de protection des oiseaux», dit-elle.

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Sylvain Laquerre, de Saint-Thuribe, est un défenseur de la cohabitation de l’agriculture et de la nature. Il souligne, cependant, que les agriculteurs suivent les modèles qui leur ont été présentés comme les meilleurs. C’est d’ailleurs la conformité à ces modèles qui leur permet, par exemple, de remporter des médailles au concours du Mérite agricole, dit-il. Chantal Leblanc indique que certains participants ont déjà une longueur d’avance. C’est le cas de l’éleveur de bovins Simon Marcotte à Saint-Gilbert. «Ce serait le modèle à suivre au Québec», affirme-t-elle. La région de Portneuf pourrait même se distinguer au Québec en devenant un pôle d’attraction pour les oiseaux champêtres. Il faudrait accroître les superficies de cultures pérennes, les prairies et les friches. La CAPSA a produit des fiches d’information pour les producteurs qui veulent en apprendre plus sur les oiseaux champêtres, leur déclin et les façon de les ramener chez eux. Un déclin qui se poursuit Une trentaine d’espèces d’oiseaux spécifiquement liés aux pâturages et au milieu agricole sont en déclin au Québec depuis les années 1970. Le goglu et l’hirondelle rustique sont les plus touchés avec une baisse de 90% des populations. La plupart des oiseaux sont pourtant des insectivores, donc très utiles aux producteurs. Ces oiseaux sont affectés par plusieurs facteurs. La coupe du foin se fait plus tôt en saison et nuit à leur nidification. Il n’y a plus de pâturages puisque les vaches ne sortent plus à l’extérieur ni de champs laissés en friches. L’usage de pesticides tue les insectes ravageurs et la nourriture des oiseaux. Ils manquent d’abris et de bâtiments ouverts pour faire leur nid. Par exemple, le nid de terre et de brindilles que l’hirondelle rustique fixait aux planches des étables en bois glisse des parois d’aluminium et de plastique.        

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