Un chasseur d’exception

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Par Steeve Alain
Un chasseur d’exception
David Genois conducteur de chien de sang, avec Antoine et William Alain et leurs parents Manon et André près de l’ours.

Abattre un ours à l’arbalète est déjà une réussite hors du commun, mais abattre un ours à l’arbalète en tirant avec sa bouche est tout à fait exceptionnel. Voilà l’exploit réalisé par William Alain, de Saint-Raymond.

«La chasse, c’est le seul sport que je peux faire», dit William Alain, quadriplégique depuis un grave accident de motoneige il y a quelques années.

Le jeune homme a conçu et fabriqué, appuyé par les membres de sa famille, une arbalète unique adaptée à sa condition pour pratiquer la chasse.

Depuis sa chaise électrique et installé dans une tente en zone de chasse, il pratique la chasse au gros gibier avec comme arme son arbalète sur un trépied. Il dirige l’arme avec sa bouche et se sert d’un viseur avec point laser. La gâchette est actionnée avec un système électrique et il doit faire le tir au bon moment avec sa bouche.

William avoue que l’équipement a nécessité beaucoup de développement «essais – erreurs». Des modifications pourraient encore y être apportées, notamment en intégrant un télescope avec caméra en remplacement du point laser qui peut être détecté par l’animal.

Il s’est entraîné avec son arbalète sur des cibles chez lui et il chasse le chevreuil, l’ours et l’orignal avec l’équipement depuis trois ans.

Première réussite

Sa première réussite a eu lieu en mai dernier à Saint-Léonard, alors qu’il a abattu rien de moins qu’un ours noir de près de 200 livres.

«Je l’ai observé durant une quinzaine de minutes alors qu’il mangeait. Il devait être à une centaine de pieds», raconte William, qui était accompagné de son père André et de son frère Antoine dans la cache.

Le tir a fait mouche, mais l’ours s’est enfui. «D’habitude, un chasseur peut shaker des jambes, mais moi je ne shake pas», blague William, ajoutant aussi en souriant que son père et son frère l’ont laissé seul alors qu’ils cherchaient l’ours blessé qui avait fui.

Ne retrouvant pas l’animal et la noirceur s’installant, le groupe a décidé de faire appel au cousin David Genois, conducteur de chien de sang, pour effectuer avec eux la recherche de l’ours.

L’ours a été retrouvé mort près d’un ruisseau. Un taxidermiste en fait un souvenir immortalisé pour la famille.

Le jeune homme est prêt pour la prochaine saison de chasse à l’orignal. Il chasse encore le chevreuil et est intéressé à vivre l’expérience de la chasse au dindon sauvage.

William a été accompagné au cours de quelques-unes de ses sorties de chasse par le réputé Michel Therrien et son équipe de tournage, qui préparent un film sur le chasseur d’exception de Saint-Raymond.

Un chien de sang à la rescousse

William Alain a fait appel à son cousin David Genois, de Deschambault-Grondines, conducteur de chien de sang, pour retrouver l’ours qui s’était enfui après avoir été atteint par la flèche de son arbalète.

David Genois, membre de l’Association des conducteurs de chiens de sang du Québec (ACCSQ), est spécialisé dans la recherche de gibiers blessés.

Propriétaire de trois chiens, il est arrivé sur les lieux avec sa chienne recrue de race «Ploot Hound» Ruby, pour qui il s’agissait d’une première recherche «officielle».

«Elle a un grand potentiel», dit M. Genois au sujet de sa chienne âgée de cinq mois. La chienne et son conducteur ont conduit les chasseurs à l’ours, mort près d’un ruisseau, à environ 200 mètres – ou 600 pieds – de l’endroit où il avait été atteint.

Travail d’enquête

Le travail du conducteur de chien de sang sur le terrain en est un d’enquête. Pour David, le contrôle de tir est primordial. Cette étape consiste à vérifier si le gibier a bel et bien été atteint, à partir d’indices et du témoignage des chasseurs.

M. Genois observe les indices sur le terrain où le gibier aurait été atteint, comme la quantité de sang au sol et les poils. Entre autres, la longueur des poils retrouvés peut déterminer selon l’animal quelle partie du corps a été touchée. Et ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de sang que le tir n’est pas mortel, mentionne le spécialiste.

Le conducteur de chien de sang suit ensuite la piste laissée par le gibier blessé avec son chien. La couleur du sang et si l’animal s’est couché dans sa fuite sont d’autres indications importantes dans le cadre de la recherche.

M. Genois effectue entre 60 et 70 recherches de gibier blessé annuellement. Son taux de réussite se situe à 65%. Il a effectué quelque 300 recherches depuis ses débuts.

L’objectif étant de retrouver un plus grand nombre de gros gibiers blessés, les services des conducteurs de chiens de sang sont de plus en plus utilisés durant la saison de chasse. Ils sont fournis notamment dans le réseau de la Sépaq.

Pour des informations supplémentaires à ce sujet,il est possible de contacter David Genois au 418 873-5583.

 

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