L’aquaculture : victime de la COVID-19

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Par Denise Paquin
L’aquaculture : victime de la COVID-19
L’aquaculteur de Cap-Santé François Guillemette souhaite une reprise rapide des activités en territoires de pêche pour «détasser» les centaines de milliers de poissons qui frétillent dans les étangs des producteurs du Québec. Photo – Denise Paquin

Les belles truites qui frétillent dans les étangs de François Guillemette pourraient être les futures victimes de la COVID-19. L’aquaculteur de Cap-Santé espère que l’aide d’urgence annoncée mercredi par Québec en sauvera une bonne partie.

«Juste avant la fin de semaine de la fête des Patriotes, ça devrait être une de nos plus grosses semaines de la saison parce que la plupart des pourvoiries ouvrent», explique le propriétaire de la Pisciculture Jacques-Cartier et nouveau président de l’Association des aquaculteurs du Québec (AAQ). Or, pourvoiries, zecs et autres territoires de pêche n’ont pas fait d’ensemencement cette année puisqu’ils sont fermés en raison de la pandémie. C’est sans oublier l’annulation de la Fête de la pêche, en juin, un gros client des piscicultures.

«Tout le poisson qu’on aurait dû ensemencer, il est encore dans nos étangs», laisse tomber le porte-parole du syndicat sectoriel de l’UPA. L’AAQ regroupe 40 des 70 aquaculteurs québécois et représente plus de 80% de la production de poisson d’ensemencement et d’alimentation au Québec.

Des dizaines de milliers de truites continuent donc de grossir et s’entassent dans les étangs chez M. Guillemette et les autres aquaculteurs du Québec. Or, l’entassement finit par être mortel. «Le nombre de kilos de poisson par mètre cube d’eau augmente et la limite, c’est la quantité d’oxygène disponible dans l’eau. On a beau remettre de l’aération, un poisson entassé, c’est un poisson stressé, plus susceptible de développer des maladies et ultimement il finit par mourir», explique-t-il.

Deux bonnes nouvelles

Les aquaculteurs du Québec ont quand même reçu deux bonnes nouvelles coup sur coup mercredi : l’ouverture partielle des territoires de pêche et une aide d’urgence conjointe des ministères de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation et des Forêts, de la Faune et des Parcs.

Québec débloque 450 000$ pour «résoudre un problème exceptionnel» afin de réduire les stocks printaniers pour l’ensemencement. La mesure réduit le coût d’achat des poissons et prévoit la possibilité d’un ensemencement dans des plans d’eau publics libres d’accès.

Le gouvernement reconnaît que ces pertes seraient «une catastrophe pour une industrie pour laquelle le MAPAQ a annoncé sa volonté de doubler la production d’ici 2025».

«Ce qu’on voulait avoir c’était un incitatif pour aider nos clients à nous acheter un peu de poisson, même s’ils sont fermés, dans le but de le détasser et d’assurer la survie du reste de nos inventaires. C’est même notre saison 2021 qui est en jeu. Les alevins de cet hiver commencent eux aussi à être entassés», explique François Guillemette qui espère que l’annonce rassurera un peu les membres de l’AAQ.

Le président de l’AAQ estime que la mesure gouvernementale aura un effet si la demande est là : «Ça prend des gens en chalet et des groupes de pêche. Mais on est tout à fait conscients que dans le cadre actuel c’est plus difficile à faire», dit-il.

Pour cette raison, l’association demande également au gouvernement fédéral de lui prêter main-forte. «On regarde toutes les possibilités pour aller chercher des sommes supplémentaires pour gérer les surplus qui s’en viennent», explique M. Guillemette qui amorce sa 21e année d’aquaculture .

Il lance aussi un appel à ceux qui ont des besoins de passer leurs commandes :«Nos poissons vont être mieux dans des lacs naturels que dans des étangs surpeuplés!»

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