Vous lisez ma dernière chronique qui clôture 6 ans d’engagement mensuel auprès des lecteurs du Courrier de Portneuf. J’espère profondément que mes textes ont pu contribuer à apporter un éclairage sur des thèmes variés qui, parfois, ont pu vous toucher de près. Dans les années qui viennent, tout en continuant ma pratique comme clinicienne, je vais me consacrer à satisfaire ma curiosité en poursuivant des études doctorales en psychologie. Je souhaite ainsi continuer à réfléchir sur des questions contemporaines et pouvoir apporter une contribution à ce niveau. Je remercie très sincèrement l’équipe du Courrier de Portneuf de m’avoir fait confiance et je passe le flambeau à d’autres chroniqueurs. C’est d’ailleurs cette passation qui m’inspire le sujet de cette chronique. La présente réflexion est aussi alimentée par des entretiens réalisés à travers ma pratique clinique.
Lorsqu’une personne s’implique dans la défense d’une cause ou au sein d’un mouvement (dont l’action bénévole), elle est souvent mue par un sentiment d’indignation devant, par exemple, la pollution de l’environnement, les inégalités sociales ou un manque d’intérêt de la population, etc. L’engagement social ne nous rend pas toujours heureux. Comment peut-on le vivre sans s’épuiser psychologiquement? Quels chemins prendre pour lutter contre l’injustice tout en conservant un esprit positif?
Disons-nous d’abord que la cause défendue dépasse, par son ampleur et sa complexité, notre seule personne. En d’autres mots, bien souvent, la cause à défendre existait avant notre implication et durera aussi après nous. Des personnes se sont impliquées avant nous et d’autres s’impliqueront après nous. Il faut se voir agir comme dans une course à relais dans laquelle nous recevons le témoin pour le porter et le transmettre à une autre personne plus loin. Ne pas se sous-estimer tout en relativisant à la fois notre importance. Apprécier la valeur de tout petits gestes qui font avancer la cause tout en sachant ne pas s’en satisfaire. S’impliquer avec un regard critique sur nos actes en ne perdant pas de vue que la rigidité est souvent répulsive pour les autres. Accepter de vivre des déceptions sans se décevoir nous-mêmes. Savoir que la vie contient des exutoires (sports, loisirs, culture) qui permettent d’évacuer les tensions ou de les sublimer. Aussi, l’implication sociale est une occasion de construire des amitiés et de socialiser dans un échange de points de vue mais aussi d’affection. Enfin, je suis convaincue que ce dernier aspect est sans doute le plus important, à savoir que l’engagement basé sur l’amour de l’autre (ou des autres) est nettement plus satisfaisant qui celui qui est mû par l’acrimonie, la malveillance ou le ressentiment.
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