De My-Lai à Boutcha : des guerriers sans âme

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Par Robert Jasmin
De My-Lai à Boutcha : des guerriers sans âme

Sur terre, notre espèce a toujours connu la guerre. Au fil des millénaires, une conscience s’est développée et avec elle, grâce à elle, des manières différentes de se faire la guerre ont vu le jour. On a trouvé des façons plus, comment dire, plus civilisées de s’entretuer. On a même inventé des lois de la guerre et les personnes qui outrepassent ces lois sont qualifiées de criminels de guerre. Ainsi, par exemple, il est interdit à des militaires de tuer des civils.

Avec le développement d’armes dites sophistiquées, le pouvoir de destruction change de nature et rend « plus propre » le geste de tuer. On a vu, pendant la guerre d’Irak, des soldats américains, calés au fond d’un confortable fauteuil de leur domicile, diriger des drones et tirer non pas sur des tireurs, mais sur des femmes et des enfants allant faire leurs courses. Et puis, il y a aussi le racisme qui fait souvent disparaître les barrières morales : ça aide de trouver le « courage » de tuer lorsque la victime est considérée comme un être inférieur, sans importance.
C’est ce qui s’est passé le 16 mars 1968 au Sud Viêt Nam lorsqu’un officier de l’armée américaine a donné l’ordre d’exterminer les 504 habitants du village de My-Lai. Mais avant d’assassiner froidement ces paysans pauvres, des vieillards aux nourrissons, les braves soldats n’ont pas manqué de violer et mutiler les femmes du village. Ce massacre suivait de 18 ans celui du village de Nogeun-Ri, perpétré aussi par des soldats américains durant la guerre de Corée.

Aujourd’hui, c’est Boutcha. On a tous vu ces cadavres de civils assassinés par des soldats russes lorsque ceux-ci quittèrent la région. Encore ici, on a assisté à des crimes de guerre commis par des militaires d’une grande puissance contre un petit peuple qui ne la menaçait aucunement. Il est important de noter que je n’ai jamais dit « les soldats russes » ou « les soldats américains », car ce sont DES soldats qui ont commis ces crimes. Parmi les autres, ceux qui ont su garder allumée cette petite flamme intérieure qui s’appelle la conscience, il y en a toujours un qui sort des rangs et qui dénonce l’inadmissible. C’est ce qui est arrivé au Viêt Nam. Tôt ou tard, un porteur de conscience russe dénoncera les responsables du massacre de Boutcha. La conscience, c’est comme la marée montante : même un dictateur ne peut l’arrêter.

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