Toute loi est humaine

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Par Robert Jasmin
Toute loi est humaine

Mon père était juge à la Cour supérieure. Il était aussi un fervent catholique. Plus catholique que le Pape, disait ma mère. Quand les législateurs du pays ont protégé et balisé le droit au divorce par une loi, mon père, fidèle aux diktats de l’Église, restait toujours opposé au divorce. Lorsque je lui ai demandé comment il pouvait concilier sa foi avec son devoir de juge, il me répondit : « j’ai des convictions personnelles, mais mon rôle de juge est d’appliquer la loi des hommes et non celle de Dieu ». C’est, je crois, l’attitude correcte de quelqu’un qui accepte les règles du jeu démocratique.

Ce n’est toutefois pas ce qui s’est passé ces jours derniers à la Cour suprême des États-Unis. Une fuite sans précédent nous a fait connaître l’ébauche de la décision majoritaire à venir le 30 juin, niant aux femmes le droit de disposer de leur corps. Dieu sait (et le diable aussi !) si Trump n’a de chrétien que l’étiquette, mais pour se maintenir ou revenir au pouvoir, il lui fallait des troupes. Il les a trouvées par défaut chez les plus rétrogrades de la société américaine, notamment chez les évangélistes et la frange réactionnaire des catholiques.

Il est important de noter que c’est la très controversée et ultra conservatrice Federalist Society qui a dicté à Trump les noms des trois candidats qu’il a choisis. Cette association de juristes d’extrême droite préconise une interprétation littérale de la Constitution américaine qui, rappelons-le, a été écrite au 18ième siècle ! Comme si la société d’aujourd’hui était la même, peu importe l’écoulement du temps, l’évolution des moeurs, le développement des connaissances et les changements historiques et économiques. Les trois juges de Trump furent jugés totalement incompétents et indignes de siéger à la plus haute cour par l’Association du Barreau américain.

En plus de leur incompétence, ces trois trumpistes sont des fanatiques religieux, dont la catholique Barrett. Tous les trois avaient pourtant déclaré sous serment, lors de leur nomination, que la décision de 1973 accordant aux femmes le droit de disposer librement de leur corps, était devenue la loi du pays et qu’elle était intouchable. Mentir serait donc acceptable pour ces gens qui disent vouloir appliquer la volonté de Dieu. Or, l’histoire nous apprend que dans les trois grandes religions, les lois dites divines ont toujours été énoncées par des hommes (jamais des femmes) prétendant parler au nom de Dieu. Que de telles aberrations puissent encore exister dans un pays aussi développé que les États-Unis est inquiétant pour la démocratie.

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