L’histoire emballante des légumes non emballés

Le Courrier de mon coeur, par Marie-Hélène L. Papillon
L’histoire emballante des légumes non emballés
Marie-Hélène L. Papillon est réviseure et correctrice.

Au début des années 2000, j’ai voulu faire comme mes voisins montréalais, avant-gardistes et pétants de
santé, et m’abonner à ces paniers de légumes bios qui commençaient à faire parler d’eux.

Mon frère a cru que j’étais tombée sur la tête… « Tu ne vas pas payer en mars des légumes qu’on va te livrer de juin à octobre? » Je l’ai rassuré : mes maraîchers de l’époque (Campanipol) étaient des gens fiables.

Le seul risque que je courais (comme eux, d’ailleurs) était que la météo à venir ne soit pas propice aux cultures. J’étais dans l’erreur… Mon plus grand risque, c’était moi! Je me suis découvert cette année-là une ignorance phénoménale de ce qui pousse au Québec et de ce qu’on peut faire avec… Partie jeune de la maison, j’avais le souvenir des légumes frais cueillis que ma mère achetait à Neuville, et je savais trouver en épicerie mon maïs en boîte préféré (pâté chinois oblige). Mais en découvrant dans mes premiers paniers des bettes à cardes (?), choux-raves et autres babioles (pardon : rabioles), j’ai eu un peu peur de mourir de faim…

Je ne devais pas être la première à vivre pareil traumatisme, car chaque plante mangeable non identifiée des paniers était miraculeusement accompagnée d’un feuillet explicatif et de suggestions pour l’apprêter! Merci, Campanipol, de m’avoir fait découvrir les richesses de notre terroir et les possibles de sa gastronomie.

Aujourd’hui, 20 ans et une pandémie plus tard, moult « fermiers de famille » sont organisés en réseaux, les légumes achetés du producteur ont la cote au point où on leur consacre des séries télé, et serres et potagers apparaissent dans des endroits qui auraient surpris autrefois, y compris sur les toits! Le Québec s’emballe pour les légumes non emballés qui n’ont pas beaucoup voyagé.

Tant mieux pour la planète, qui croule sous les déchets et cherche son air entre deux poids lourds. Et tant mieux pour les gens comme moi, qui n’ont pas le pouce vert mais vieillissent en gourmandise! Chaque printemps désormais j’attends nos asperges comme le Messie, je promets des fournées des meilleures chips de kale au monde et je discute entre amis de cucurbitacées comme d’autres de hockey.
J’ai payé mon fermier de famille (de Cap-Santé) en mars, afin qu’il se consacre aux semis pendant que je
finissais mes impôts. Et j’ai calculé qu’étant donné le taux d’inflation actuel, il se pourrait bien que ma
contribution à l’économie durable se traduise en économies tout court!

Si l’aventure vous intéresse, dépêchez-vous : il reste des places pour de nouveaux abonnés chez quelques
maraîchers de la MRC qui proposent paniers et/ou autocueillette en plus des kiosques à la ferme et dans les marchés publics. Ceux qui sont membres de Portneuf, Culture de saveurs sont répertoriés à
https://portneuf.ca/culture-de-saveurs, section « Nouvelles ».

Et mon frère dans tout ça? Il est tombé sur la tête dernièrement, et a mis les légumes bios au menu de sa
convalescence. Il guérit bien, et ça nous emballe!

Marie-Hélène L. Papillon
courrierdemoncoeur@gmail.com

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