La revue Philosophie Magazine en kiosque ce mois-ci m’a inspiré le texte de cette semaine. Elle pose la question suivante en page couverture : « Penser, c’est dire NON ? ». Sans répondre à la question nécessairement, on peut y réfléchir un peu. La négativité est généralement mal vue et on préfère souvent les personnes qui ont un esprit positif. Mais qu’est-ce qu’être vraiment positif et comment le devient-on ? Être positif, ce n’est pas acquiescer à ce que l’autre dit pour être bien perçu par elle ou par lui. Être positif, ce n’est pas non plus accepter l’ordre des choses pour ne pas déranger ou être dérangé.
Je crois que la meilleure façon d’être positif, c’est d’abord de dire NON. Être positif, c’est vouloir quelque chose de meilleur pour soi et pour le monde autour de soi. Or, on ne peut désirer un mieux-être qu’en refusant d’abord ce qui est. Il n’y a pas de changement possible sans dire NON à la situation présente. C’est ce NON qui met en branle la réflexion sur la nature de ce mieux-être et l’imagination nécessaire pour trouver le moyen d’y parvenir. Sans ce refus initial, rien de positif ne peut survenir.
L’étudiante qui dit NON à la demande de ses amies de sortir avec elles alors qu’elle a des travaux à parfaire s’expose à des reproches à cause de ce refus. Mais ce faisant, elle accède à ce qu’il y a de plus positif pour elle, son accomplissement personnel. Le NON aux autres, dans ces circonstances, était porteur d’un OUI à elle-même. Dans un autre ordre, devant les inégalités, je peux me contenter de dire qu’il y en a toujours eu et qu’il y en aura toujours. Ou je peux opposer un refus à ces inégalités et c’est alors que je peux vouloir comprendre le pourquoi de celles-ci et imaginer des moyens pour les contrer.
Cela vaut aussi, par exemple, pour la politique québécoise en matière d’immigration, une question des plus névralgiques pour l’avenir de notre nation. Une partie importante de la gestion des politiques en cette matière est faite par d’autres. C’est en commençant par dire NON collectivement à cette situation que nous pouvons remettre en marche le mouvement d’autodétermination. Mais il faut s’attendre à un refus des autres qui n’acceptent pas de nous voir nous gouverner nous-mêmes. Notre refus de cette situation de blocage devra déboucher sur la seule voie positive possible qui sera ce OUI que nous nous dirons à nous-mêmes.