J’ai vu et entendu le premier ministre François Legault faire la déclaration suivante à la télévision, lors d’une émission spéciale très attendue par tous : » chères concitoyennes, chers concitoyens, si je me suis absenté pendant trois jours, c’était pour faire le point avec moi-même. J’ai bien réfléchi et je me suis dit : François, si tu veux passer à l’histoire comme d’autres chefs charismatiques tels que Jacques Parizeau ou René Lévesque, il va falloir que tu dises au peuple les vraies affaires et que, pour être crédible, il te faudra changer de ton. Alors, fini le temps de cette manière pleurnicharde et molle de parler de la réalité. »
Il continua en martelant ses mots et en frappant légèrement du poing droit sur sa table. « La réalité, c’est celle qui s’impose à nous et dont nous devons tenir compte si nous voulons laisser un pays viable à nos enfants. La vérité, c’est que nous ne pouvons leur imaginer un futur qui ressemble à nos habitudes de vie actuelles. Je suis le premier à devoir changer. Jusqu’à maintenant, j’ai cru qu’un chef d’État était là pour suivre la population. Ce fut ma plus grande erreur. Pendant ces trois derniers jours, j’ai lu des livres d’histoire et j’ai constaté que les hommes et les femmes d’État qui ont marqué leur époque étaient ceux qui disaient des vérités pas toujours agréables à entendre. J’ai réalisé que, pour faire avancer ses troupes, un général doit être inspirant et vrai. Leur dire que ça ne sera pas facile mais qu’ils sont capables. Un vrai leader ne dit pas allez-y, mais suivez-moi. »
La voix du premier ministre se fit grave et imposante : « mes amis, il nous faudra beaucoup d’imagination et de renoncements pour affronter les crises qui viennent. Je devrai prendre des décisions qui vont demander à tous d’être à l’écoute du bien commun plutôt que de leurs petits désirs individuels. Entrer en transition, c’est changer et changer, ce n’est pas toujours facile. Ma mission, c’est de voir à mettre en oeuvre des politiques au service du futur qui sera le présent de nos enfants. Nous pouvons nous inspirer de ce que d’autres petits peuples comme le nôtre ont réussi à réaliser jusqu’à maintenant. » François Legault devint souriant et dit, sur un ton optimiste : « nous pouvons réussir, car pour employer les mots d’un de mes illustres prédécesseurs, nous sommes peut-être quelque chose comme un grand peuple… »
À ce moment, mon réveil sonna…