Ode à nos barbares intérieurs

par Nicolas Gaudreault
Ode à nos barbares intérieurs

Tous les humains livrent de nombreuses batailles dans leur vie, qu’ils le sachent ou non. Je pense notamment à nos soldats, se méritant un gracieux » merci pour votre service, les boys » ainsi qu’un tape-m’en-cinq de ma part.

Mais je pense encore plus spécialement à tous ceux livrant des combats intérieurs. Le genre de combat qu’on ne voit pas nécessairement en rencontrant sa voisine à l’épicerie, en train de zieuter furtivement la section des agrumes à la recherche de la tangerine la plus sexy, ou un pur étranger en voiture qui, non, n’a pas encore remarqué que la lumière était verte. «Pas besoin de klaxonner, Monique!»

La réalité, c’est que ces conflits, bien installés confortablement dans les sofas que sont les crevasses de notre crâne, ont des noms : l’anxiété, les troubles de l’humeur, les troubles psychotiques, la dépression et j’en passe. Ce qui rend la nouvelle génération encore plus forte aujourd’hui, plus forte que notre barbare intérieur qui ne veut que querelles, c’est qu’on ose parler de ce qui ne va pas. Mettre un nom, un mot sur ce qui cloche à l’intérieur de notre tête, ça c’est notre nouvel arsenal qui nous protège des nombreuses fusillades que peut créer notre cerveau. Nombreux sont ceux qui déplorent la nouvelle génération comme en étant une aux prises avec problèmes en acclamant haut et fort qu’ils, je cite, «travaillaient plus fort, devaient marcher, ramper, voire esquiver deux champs de mines pendant dix kilomètres pour se rendre à l’école et n’avaient pas de problèmes!» «Merci, Monique, pour ces doux mots, vous avez un peu d’écume sur les coins de la bouche en passant», oserais-je répondre avec délicatesse. Que voulez-vous, j’ai un si grand charisme! En fait, la différence, voire le clash des générations, c’est que les anciennes avaient probablement les mêmes problèmes, sous différentes formes, mais que la santé mentale n’était pas prisée à l’époque. Nous avons les mêmes heurts intérieurs que nos voisins de branche de séquoia qu’est l’arbre généalogique. Ils sont seulement de moins en moins tabous avec le temps. Et, entre vous et moi, quand on se sent incompris, il n’y a absolument rien de mieux que d’en parler et d’être écouté. C’est le remède miracle! De nos jours, les incompris commencent à être entendus et les zones grises prennent graduellement de la couleur. Nos barbares intérieurs seront toujours prêts à canonner et on aura toujours du chemin à faire, mais on gagne du terrain afin de la vaincre, notre propre petite guerre avec nous-mêmes. Caporal, levons les drapeaux blancs!

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