Du courage, vraiment ?

par Robert Jasmin
Du courage, vraiment ?

Je m’étais promis d’alléger mon été et le vôtre en consacrant mes billets à des contenus légers durant la période de l’été. Mais l’actualité ne connaît pas les saisons et encore moins le repos. C’est ainsi que le décès de Denise Bombardier est venu assombrir les jours de soleil. D’ailleurs, la nature s’y met car j’écris ces lignes en même temps qu’un orage vient de fondre sur Portneuf. J’ajoute donc mon humble témoignage au concert d’éloges qui ont marqué le départ de cette grande Québécoise.

J’ai connu Denise Bombardier alors que nous étions étudiants avec les Denys Arcand, les Bernard Landry et autres Pierre Marois. C’était l’époque des multiples moments déterminants de notre histoire : les grandes manifestations de l’affaire Gordon, de l’hôtel Reine Élizabeth, de McGill français et bien d’autres. C’était lune époque où nous étions tout sauf individualistes, Madame B. était de la partie. Puis, sans se consulter nous nous sommes retrouvés encore étudiants mais à Paris cette fois. Son attachement à la France y a pris naissance. Je pourrais en dire autant de mon expérience.

De retour au Québec nous nous sommes perdus de vue jusqu’à la parution de mon livre sur la vie et la mort de mon fils. Elle en a été une des premières lectrices et elle en a parlé comme d’un coup de foudre. Elle m’a invité à son émission de télé Aujourd’hui dimanche, et un peu grâce à elle, le livre est devenu un bestseller. Son témoignage ainsi que celui de Pierre Falardeau en ont fait un livre proposé en lecture dans plusieurs cégep.

Mais l’importance de cette femme s’est évidemment fait sentir sur le plan sociétal. Je reviendrai sûrement sur ce sujet qui mérite plus qu’un dernier paragraphe de chronique. Je me contenterai de faire remarquer aujourd’hui que le mot qui est revenu la plus souvent dans les chroniques médiatique fut celui de courage. Oui, dans une société où la peur de ne pas être aimé est plus grande que la volonté d’affirmer  ses idées et où lorsqu’elles s’expriment, elles le sont sous forme d’insultes anonymes, il faut du courage. Mais est-ce normal alors que nous vivons dans une société qui se dit libre ?

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Marie Claude Morin
Marie Claude Morin
1 année

Monsieur Jasmin. Merci de cet excellent commentaire sur le courage dont a fait preuve madame Bombardier toute sa vie durant. Et celui sur Kundera, votre ami. Je partage vos émotions. J’ai eu la grande chance de lire récemment votre livre sur votre Alexandre. Il m’a profondément émue et touchée. Je m’apprête à le prêter à quelques autres personnes autour de moi, notamment ma petite fille qui vient de commencer à travailler dans un camp d’été très particulier à cap rouge. Je voulais avoir l’occasion de vous dire ce que vous savez et avez certainement entendu souvent : votre livre est parfaitement écrit avec beaucoup de nuances, de lumière, d’amour, de présence, de délicatesse, d’engagement. Je vous en remercie. Il m’a beaucoup beaucoup touchée. Je suis heureuse de voir ce que vous accomplissez encore. Je crois vous avoir déjà rencontré avec mon ami décédé maintenant Dominique Boisvert je crois.