Bras de fer entre Meta et les médias

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Par Mathieu Hardy
Bras de fer entre Meta et les médias

Meta, la société mère de Facebook et Instagram, bloque entièrement la diffusion du contenu des médias sur ses plateformes depuis le 8 août. Impossible, donc pour les lecteurs qui avaient l’habitude de suivre l’actualité locale et régionale diffusée par le Courrier de Portneuf par l’intermédiaire de ces plateformes, de s’informer depuis lors.

En réponse à l’adoption du projet de loi C-18 adopté à Ottawa au terme de la session parlementaire, Meta a d’abord entrepris de masquer, le 1er août, les nouvelles canadiennes relayées sur ses plateformes. Les publications des médias étaient encore disponibles sur les pages, mais elles ne composaient plus le fil des utilisateurs.

Or, depuis la semaine dernière, tous les médias, qu’ils soient locaux, régionaux ou nationaux se butent à l’impossibilité de partager leur contenu autant sur Facebook qu’Instagram, qui en empêchent systématiquement la diffusion.

Cette offensive est survenue en riposte à la demande conjointe adressée au Bureau de la concurrence par Médias d’Info Canada, l’Association canadienne des radiodiffuseurs et CBC/Radio-Canada. Le Courrier de Portneuf est membre du regroupement Hebdos Québec, qui lui, adhère à Médias d’Info Canada.

Et pour cause. La loi C-18 obligera, dès 2024, les géants du Web à verser une redevance aux médias pour le contenu qu’ils produisent et qui est partagé sur des plateformes telles que Facebook et Instagram.

Revoir ses réflexes

Par l’intermédiaire de cet article, les membres de tous les départements de l’équipe du Courrier s’allient pour sensibiliser le lectorat à l’importance de revoir ses réflexes pour demeurer informés par l’entremise de la presse hebdomadaire régionale, qui constitue le média de référence dans Portneuf. Notre organe de presse constitue le média permettant à la population portneuvoise d’être quotidiennement en contact avec la nouvelle, et ce, en raison de sa longévité, en plus d’offrir la meilleure accessibilité et visibilité dans la MRC. « Malgré le blocage de notre contenu par Meta, nous voulons rappeler aux Portneuvois qui nous lisent et qui comptent sur nous pour les informer que nous sommes toujours présents, mais autrement que par l’intermédiaire des réseaux sociaux », affirme la directrice générale de la coopérative, Josée-Anne Fiset, qui invite les lecteurs et annonceurs à reprendre ou à conserver, c’est selon, l’habitude de feuilleter le journal papier livré dans le Publisac ou à des points de dépôt chaque semaine, à compter du mardi.

Infolettre et site Web

L’infolettre et le site Web du journal sont également accessibles à courrierdeportneuf.com. Pour recevoir les nouvelles par courriel aux alentours de 17 h lorsque notre site est mis à jour, il suffit de s’abonner à l’infolettre. Autrement, le site Internet du journal est généralement actualisé de deux à quatre fois par jour, entre 7 h et 16 h 30, du lundi au vendredi. Des nouvelles y sont occasionnellement publiées la fin de semaine.

« Les médias imprimés contribuent au rayonnement publicitaire »

Il n’y a pas que les nouvelles qui sont moins consultées depuis le blocus opéré par Meta envers les médias. Les publicités de leurs annonceurs le sont aussi. En tant qu’élément fondamental assurant la pérennité et le développement continu d’un média de proximité comme l’est le Courrier, cette source de revenus est cruciale pour l’impression du journal, notamment. Dans le contexte actuel, les médias imprimés contribuent au rayonnement publicitaire, croit Sylvain Poisson, directeur général d’Hebdos Québec. « Il y a beaucoup de chances que la publicité dans les journaux ait des retombées positives pour les annonceurs que celle qu’elles diffusent sur les médias sociaux », avance-t-il. M. Poisson fait le pari qu’une publicité numérique qui génère beaucoup de clics aura moins d’impact, dans l’optique, où il y a peu de chances qu’elle encourage la visite d’un client chez un commerçant contrairement à la publicité diffusée dans les journaux. « Il faut souligner aussi que les hebdos sont actifs dans la communauté dans laquelle ils sont publiés et qu’ils détiennent un pouvoir de rétribution, que ce soit au plan local ou régional », mentionne Sylvain Poisson, qui se réjouit que plusieurs entreprises, en plus des structures politiques provinciales et fédérales, aient retiré leurs annonces de Meta. « Sans dépenser plus, il faut qu’ils arrivent à mieux cibler la stratégie publicitaire et qu’ils assurent un meilleur partage », explique-t-il, dans le cas précis des gouvernements.

Dans la mire des gouvernements

Ottawa autant que Québec ont dans leur mire les géants du Web, dont Meta, depuis l’adoption de la Loi sur les nouvelles en ligne. L’idéal, selon le député Joël Godin, serait qu’un fonds canadien soit créé pour rémunérer les médias en fonction de leur rayonnement sur les plateformes. « Le problème, plaide-t-il, c’est que le gouvernement travaille pour les grandes entreprises médiatiques. » Dans l’intervalle, il souligne que les médias doivent être créatifs pour générer eux-mêmes leur trafic. Quant au provincial, Vincent Caron dit que le dossier est en observation. « On supporte le gouvernement fédéral, mais on n’est pas rendus à se demander ce qu’on va faire pour les médias. » Le porte-étendard de la CAQ dans Portneuf pense qu’une réaction massive de la population envers Meta aura un impact suffisamment fort pour imposer d’elle-même un recul, comme ailleurs dans le monde où la même situation s’est présentée antérieurement.

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