Trois décennies dédiées aux tout-petits

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Par Gaétan Genois
Trois décennies dédiées aux tout-petits
Esther Perron a pris sa retraite le 31 août. (Photo : Gaétan Genois)

Trente-huit ans avec les tout-petits, c’est toute une carrière où il faut beaucoup d’amour, de patience, de dévouement et d’écoute. Esther Perron vient de terminer un tel mandat auprès de ce que nous avons de plus précieux dans notre société, les enfants.

« Les enfants sont tellement tous uniques, je les ai tous aimés de la même façon », affirme sans détour l’éducatrice de Saint-Alban, qui a fermé son service de garde le 31 août.

Sa longue carrière est-elle en elle-même un cas unique ? « On me dit ça, répond Esther Perron, mais c’était mon métier, j’aimais ça et j’aime encore ça »

Mais en même temps, elle est heureuse de sa situation de nouvelle retraitée. « C’est correct comme ça, exprime-t-elle, j’ai donné. »

91 enfants

C’est la lecture d’un pamphlet dans lequel on demandait des éducatrices que Mme Perron a donné son nom en vue de recevoir les enfants chez-elle. 

Les responsables de l’agence La Veilleuse de Saint-Marc-des-Carrières sont venus la rencontrer et c’est ainsi que tout à commencé. Aujourd’hui, c’est l’agence Le Kangourou qui dirige tout le volet familial.

Au fil des ans, Esther Perron y a accueilli un total de 91 enfants. La clientèle maximale permise en même temps est de six enfants de 0 à 5 ans, ou jusqu’à ce qu’ils aillent à l’école.

Nounou

« Je les reconnais tous si je les rencontre dans la rue, et eux-aussi me reconnaissent et m’appellent par mon nom. Et mon chum, ils l’appellent Nounou, raconte-t-elle en guise de clin-d’oeil à celui dont le vrai nom est Jocelyn et qui est le père de ses filles. Mon mot d’amour pour mon chum c’est Nounou. Les enfants et même les adultes l’appellent Nounou dans le village. »

Les clients de Matériaux Audet le reconnaîtront sûrement puisqu’il y travaille depuis 47 ans.

Nounou s’est beaucoup impliqué dans la garderie, et c’est pourquoi il a développé cette belle relation avec les enfants. L’un de ceux qu’elle a gardés va même à la chasse avec lui.

Programme éducatif

« Les gens pensent parfois qu’on ne fait que garder », indique-t-elle. Mais au quotidien, Esther Perron avait un programme éducatif à suivre, où elle devait travailler le langage et les aspects cognitif, physique et moteur, de même que les enjeux social et affectif.

Elle a eu certains enfants qui éprouvaient des difficultés, d’où l’importance, témoigne-t-elle, de faire partie d’une agence qui peut les aider. Elle affirme avoir toujours eu le soutien qu’il lui fallait quand les enfants avaient des besoins particuliers.

« On a des conseillers pédagogiques qui viennent faire des activités avec les enfants. C’est très important ça aussi. Les enfants aiment ça quand c’est quelqu’un de nouveau qui arrive. »

Bien qu’elle n’avait aucune formation spéciale au début, l’éducatrice devait suivre une formation de perfectionnement de six heures chaque année.

Parents et enfants

Avec les parents, tout se passait bien la majorité du temps. « On ne voit pas grand monde quand on garde des enfants, confie-t-elle. Les parents deviennent un peu nos confidents. Je leurs ai parfois raconté mes joies, mes peines. »

Devient-on un peu enfant soi-même ? « Oui moi j’ai ça, dit-elle sans ambages. J’ai moins de difficulté avec les enfants qu’avec les adultes. J’aime ça leur faire des jeux, aller dehors, explorer. »

Les enfants étaient très affectueux avec elle. « Des je t’aime, j’en ai eu beaucoup. Un enfant me disait tous les soirs je t’aime gros comme l’univers quand il partait. » Une autre lui disait je t’aime de tout mon coeur.

C’était très spécial quant un enfant devenu d’âge scolaire quittait la garderie. Elle leur organisait toujours une sortie ou un pique-nique pour marquer ce moment. 

Preuves d’amour

La preuve qu’Esther Perron est vraiment aimée, les enfants se rappellent d’elle même quand ils sont devenus grands. L’hiver dernier, deux frères qu’elle avait jadis gardés sont venus lui rendre visite toute une fin de semaine avec leurs parents, leurs blondes et leurs enfants.

L’été dernier, on frappe à la porte. Une jeune femme de 26 ans venait lui dire bonjour. Elle aussi avait été gardée par Esther. « Elle se souvenait encore de nous, c’était touchant. Elle s’appelait Gabrielle. Je l’ai reconnue tout de suite. »

Elle n’a pas peur de s’ennuyer à la retraite. Elle veut faire du yoga, de la bicyclette, de la marche, de la lecture et la rénovation de sa cuisine, avec son Nounou. Lui et elle sont amoureux depuis qu’elle a 15 ans. 

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Gabrielle Leduc
Gabrielle Leduc
1 année

Un très bel article!
Esther restera à jamais dans mon coeur. Elle c’est tellement investit avec nous dans un moment crucial de nos vies. J’ai eue la chance de l’avoir comme gardienne où elle a su jouer une partie importante de la femme accomplie que je suis devenue aujourd’hui. Du fond du coeur, je t’aime encore gros comme l’univers et j’ai déjà bien hâte de revenir te voir pour partager de beaux moments.

À toi, bonne retraite et à vous 2 je vous souhaite que du bonheur pour la suite!