En vacances, comme la semaine dernière, j’ai pensé vous offrir des citations d’un ouvrage de Danièle Sallenave, Le don des morts. Gallimard 1991, 190 p. (Petit rappel : le 11 août journée d’achat d’u livre québécois)
— Ce qui définit la vie ordinaire, ce qui fait le malheur de la vie ordinaire, ce qui fait de la vie ordinaire, une vie mutilée, c’est que les livres y manquent, le savoir qui passe par les livres (car le savoir qui passe par les livres n’entre pas en nous de même façon que par l’image ou le discours ; il y a un privilège du livre sur tout le reste) ; la douleur qui passe par les livres, l’expérience, l’émotion, la compréhension du monde qui passent par les livres, mais surtout par le roman et le poème, la fiction littéraire.
— Sans les livres, toutes les vies sont des vies ordinaires, même comblées d’argent, d’honneurs, de places, d’accomplissements, de satisfactions et de bonheurs privés. Aux honneurs, aux places, à l’argent, aux satisfactions privées, les livres ajoutent ceci : ils incluent cette vie que nous menons (basse ou élevée, riche ou pauvre) dans la grande histoire, dans la grande trame du monde. Le livre est ce qui me fait communiquer avec les autres, avec les oeuvres, pensée et expression des vivants et des grands morts, avec les humanités, avec le monde.
— Faite de langage (non seulement : mais de notre langage, de nos mots), la littérature se fonde sur ce sol où s’enracine notre singularité d’hommes : la capacité d’articuler, d’organiser, de réfléchir et de communiquer l’expérience vécue dans le langage. On pourrait formuler les choses ainsi, non sans quelque brutalité : avec la musique on vit mieux, avec les livres on vit autrement.
— Il y a plus. Lire un livre, c’est achever de l’écrire en lui fournissant le secours de notre monde propre pour qu’il s’incarne. Lire nous associe à son écriture, à sa composition, parce que le livre a utilisé – magnifiées, amplifiées – les ressources naturelles du langage présentes en chacun de nous. Lire nous associe donc au mouvement de création qui a fait naître l’oeuvre, et le porte à son terme.
— Sans les livres, nous n’héritons de rien : nous ne faisons que naître. Avec les livres, ce n’est pas un monde, c’est le monde qui nous est offert : don que font les morts à ceux qui viennent après eux.
Monsieur Jasmin, c’est la 2e fois que vous faites l’éloge des livres et par conséquent des bibliothèques mais on ne peut pas partager, j’aurais bien voulu partager cet article sur le site Facebook de la bibliothèque de Saint-Marc-des-Carrières, mais c’est impossible tout comme votre article d’il y a quelques mois où je vous ai demandé de la publiciser en mentionnant votre nom mais je n’ai pas reçu de réponse, donc je n’ai lu que quelques lignes à notre C.A. Dommage, c’est très pertinent et instructif.