Un mot si simple, mais pourtant à la fois si complexe. Certains l’apprennent lorsqu’ils tartinent encore leur Pampers tandis que certains l’apprennent un peu plus tard, quand ils se feront domper à la garderie et qu’une interaction avec Guylaine, éducatrice à la petite enfance et à la grande ride bien creuse, leur soit forcée.
D’autres gens ne diront jamais bonjour, mais iront plutôt pour une salutation un peu plus discrète, à la jeune renarde. Au lieu d’évoquer des mots, ils dévoileront tranquillement leur sourire aux dents bien jaunes à la caissière de la supérette du village. Ce qui peut être charmant pour nos confrères daltoniens, mais un peu moins pour nous, ayant nos barniques estampées au visage et la vision bien claire.
Certaines personnes oseront dire bonjour, mais d’un air si anémiant qu’il plongera automatiquement son récepteur dans un coma de 6 mois, laissant de graves séquelles à son âme.
Et certains n’auront juste pas le courage de le dire tout court. Ça peut sembler bête si on se dit que d’ignorer l’employée de 15 ans du Couche-Tard au bord d’la 40 est un manque de courage. Par contre, si on pense au-delà de ça, je crois qu’il y a une énorme vague d’opportunités à surfer après un simple » salut » ou » allo « .
J’ai réalisé tout ça il y a déjà quelques lunes, lorsque j’étais en voyage en Europe et que j’avais le front d’aller parler aux autres individus autour de moi. Le contexte était parfait du moins. J’étais dans une auberge de jeunesse, avec des jeunes adultes qui n’étaient là que pour goûter aux plaisirs de la vie (et aussi aux tequila sunrise du bar). Malgré le cadre assez propice aux interactions, ça reste toujours intimidant d’approcher une nouvelle personne. J’étais déjà avec ma bonne amie, alors pourquoi aller vers de parfaits inconnus? En fait, je crois solennellement qu’une simple interaction peut amener une nouvelle ouverture sur le monde et certains sujets importants, de nouvelles liaisons à double boucle, des moments favorables au réseautage et plus encore. C’est vraiment le catalyseur des relations humaines et de ce qui s’en suivra par la suite.
C’est sur que certains bonjours m’ont définitivement mené qu’au néant, qu’à des personnes vides qui ont naturellement quitté ma vie par manque d’intérêt commun. Parallèlement, certains bonjours m’ont aussi rapproché de personnes atroces, à l’aura noire et vile, qui se sont fait un sacré plaisir de me trancher la peau du dos telle celle d’un pauvre verrat prêt (mais pas prêt) à être sacrifié pour se retrouver derrière la vitrine des charcuteries du IGA. J’aime m’imaginer en tant que jolie tranche de prosciutto tranchée pour un buffet d’affaires des CEO les plus riches (et sexy) des alentours.
En bref, dans l’ensemble, chaque bonjour, qu’il soit chaleureux ou bien glacial, contribue à la mosaïque de nos vies, et même les moins plaisants nous enseignent quelque chose sur nous-mêmes et sur les autres qui nous entourent. Alors, mieux vaut un bonjour raté que d’un silence… autant raté au final.