La passion d’une famille de Donnacona d’incarner son imaginaire dans des jeux de rôles

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Par Pierre Paquet
La passion d’une famille de Donnacona d’incarner son imaginaire dans des jeux de rôles
Audrey Cantin et Miguel Boulette dans leurs rôles respectifs, dans le cadre d'une activité de GN. (Photo : Offerte par Miguel Boulette.)

Ils occupent tous les deux un emploi à temps plein, ont deux jeunes enfants et, pourtant, il leur est fréquemment arrivé d’investir une trentaine d’heures par semaine à leur passion commune : la préparation d’activités de grandeur nature (GN).

Alors qu’Audrey Cantin a participé à son premier GN à l’âge de 22 ans, Miguel Boulette, est tombé dans cette potion magique à 18 ans. Eh! Oui! Ils se sont rencontrés lors d’un GN. Dans un éclat de rire, Audrey précise : « La première fois que je l’ai vu, il était un fantôme qui crachait du sang ! ». Depuis, ils se sont mariés. Or, cet engouement pour le monde de l’imaginaire transposé dans de fantastiques aventures vécues en groupe les habite encore, 15 ans après leur première rencontre.

Un véritable engouement

Audrey raconte : « Dès ma première participation à un GN, j’ai fait wow, c’est tellement cool! En créant mon personnage et mon premier costume, j’ai découvert qu’il y avait plusieurs de mes passe-temps – par exemple l’artisanat, le plein air et le camping – qui s’intégraient bien dans le monde des GN ». Puis, elle parle d’emblée de l’effet positif qu’a eu, sur son développement personnel, son intégration à des groupes de GN. « C’est ce qui m’a permis de me développer davantage sur le plan de l’estime de soi et de la communication. Ça a totalement modelé mon début de vie adulte ».

Audrey Cantin et ses fils Edward, 5 ans et Raphaël, 7 ans. Photo : Offerte par Audrey Cantin

Qu’est-ce qu’un GN?

Une fin de semaine GN, cela ressemble à un très gros jeu de Donjons et Dragons mais, au lieu de jouer sur une table avec des dés, on se costume et on se rassemble sur un terrain spécialement aménagé pour y vivre une histoire qui a été préparée par des scénaristes.

Chaque GN porte son thème, qu’il s’agisse de médiévales fantastiques, d’un GN futuriste, d’un scénario en lien avec Star Wars, etc. Au Québec, les plus populaires demeurent les médiévales. 

C’est à la fin des années 1980 que le phénomène des GN commence à être populaire au Québec. Cette popularité n’a cessé de croître; à preuve, la page Facebook Rassemblons tous les joueurs de GN du Québec rassemble actuellement 8700 membres. 

Dans la région de la Capitale-Nationale, plus de 800 personnes participent à des GN. L’un des endroits de prédilection pour vivre de telles aventures se trouve sur une terre de Saint-Janvier-de-Joly, dans Lotbinière. On y a complètement rénové une ancienne grange qui sert d’auberge et plusieurs petites cabanes, dont certaines offertes en location, ont été construites par des participants assidus. 

De participants à scénaristes

Maintenant qu’Audrey et Miguel cumulent de nombreuses années d’expérimentation des GN, ils ont tous deux décidé d’imaginer, de scénariser et de réaliser un tout nouveau monde imaginaire de grandeur nature. Intitulé l’Armateur, cette fin de semaine ludique a été expérimentée en juillet dernier par 55 joueurs qui n’ont émis que des commentaires positifs. Un des participants qui compte une trentaine d’années en tant que joueur a même affirmé avoir « retrouvé la flamme pour les GN » grâce à ce week-end vécu dans le monde des corsaires.

Une petite partie du village où se tiennent des GN, à Saint-Janvier-de-Joly. Photo : Offerte par Miguel Boulette

Bienfaits associés à ce loisir

Certains GN sont réservés aux adultes, d’autres s’adressent aux familles. Or, comment expliquer que tant d’adultes, mais aussi d’enfants et d’adolescents, désirent créer un personnage, consacrer de nombreuses heures à le peaufiner et à l’équiper pour ensuite le faire vivre en pleine nature? Audrey explique que jouer un personnage permet de faire tomber des barrières dans les rencontres entre participants. Elle précise : « Il s’agit souvent de personnes tournées vers l’imaginaire, donc un peu plus solitaires, qui vont être attirées par les GN. C’est aussi un excellent loisir pour évacuer le stress ».

Miguel renchérit en confiant que « sur le plan personnel, ça nous grandit tous. Ça apporte de la confiance en soi, la capacité de parler devant des groupes, de raisonner, d’argumenter mais aussi de négocier en vue de la réalisation d’un objectif commun. Ça nous rapproche de la nature et permet d’expérimenter une certaine forme de théâtre, sans compter que l’entraide, le dépassement de soi, le leadership et la créativité font partie des valeurs vécues dans ces groupes où de solides amitiés se développent ». Audrey renchérit : « Ce qui fait la force d’un GN, c’est l’ambiance qu’on y retrouve et le fort sentiment d’appartenance qui s’y développe ». 

Initiés très tôt

Maintenant âgé de 7 ans, Raphaël n’avait que 4 ans lorsqu’il a participé à son premier GN. Son personnage est celui d’un rôdeur-chasseur. Avec enthousiasme, il raconte : « Dans mon rôle de Talion, mon ennemi juré, ce sont les sorcières. En GN, quand on construit nos personnages, on peut choisir des métiers. Moi, c’est chasseur que j’ai choisi ». 

Lorsque on lui demande s’il souhaite lui-même organiser un GN, c’est son petit frère Edward, âgé de 5 ans, qui spontanément répond : « On a tous envie de faire un GN »! Et il poursuit en relatant le dernier épisode qui l’a marqué : « J’avais un diamant qui coûtait beaucoup de sous pour l’avoir, pis là, j’étais très riche ».

Miguel en profite pour expliquer que la pratique de ce loisir aide notamment les enfants à surmonter la timidité, à développer de l’autonomie et à collaborer. La prochaine session de l’Armateur aura lieu les 21 et 22 septembre. Le site internet armateur.org regorge d’informations afin d’explorer ce monde des corsaires.

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