Les chroniques que les chasseurs et chasseuses apprécient le plus sont souvent en lien avec des aspects plus techniques et stratégiques. Voici pour cette période spéciale de l’année une chronique à saveur 100 % stratégies de chasse.
DES FEMELLES BAVARDEUSES ET RAPPORTEUSES.
Plusieurs chasseurs sont surpris d’entendre une femelle répondre à un call de… femelle. Les orignaux n’ont pas d’intérêt envers des sujets de même sexe et dans la plupart des scénarios impliquant la réponse d’une femelle, le chasseur devra se rappeler que cette situation survient seulement, car il y a un mâle autour de la femelle. La réaction vocale de la femelle est en lien avec le fait que le mâle qu’elle observe à ses côtés réagit physiquement à l’appel que le chasseur imite. Il y a donc une forme de compétition ressentie que je nomme triangle amoureux. En fait autour de certaines dates et quand les orignaux sont en couple (surtout entre le 26 septembre et le 3 octobre), je parviens à déjouer de beaux mâles seulement, car une femelle bavarde m’aide à identifier le positionnement du mâle qui trône à ses côtés. Pour reprendre l’expression de mon fils ce sont les femelles qui » stoulent les bucks » ! Ainsi quand ça survient, il faut aller vers la femelle pour espérer déjouer le mâle. J’obtiens du succès en faisant du rattling mais il faut marcher lentement et stratégiquement à bon vent quand on se dirige vers le couple d’orignaux. Ainsi à chaque fois que vous entendez une femelle en forêt, il faut tout de suite réfléchir à une bonne stratégie de chasse en équipe ou en solitaire.
ON FAIT QUOI QUAND IL FAIT CHAUD ?
Quand la température ambiante dépasse les 14 degrés, tous les orignaux commencent à ressentir un stress thermique. Dans de telles circonstances et quand le mercure devient supérieur à 19 degrés il se passe systématiquement un phénomène de déplacements des orignaux vers ce que je surnomme les habitats » climatisés « . À ce moment précis tous les chasseurs qui se trouvent dans des milieux ouverts et chauds n’auront pratiquement aucune chance de voir des orignaux. Alors on fait quoi concrètement quand il fait chaud ? Le plan est simple ! Il faut aller dans les îlots de fraîcheur. Ce type d’endroit se trouve dans des coulées, sur les bords de lacs et rivières et très souvent sur des sommets de montagnes. Un chasseur astucieux peut même utiliser ses caméras de surveillance munies d’un thermomètre afin de faire un inventaire de ses endroits précieux. Avec les enjeux de température auxquels nous sommes confrontés, la connaissance de lieux de fraîcheur devrait dorénavant être une priorité pour tous les chasseurs.
LES COUPES FORESTIÈRES : OUI, MAIS !
Les chasseurs croient à tort que toutes les coupes forestières sont bonnes et à propos ce qui est un très grand mythe. Il y a plusieurs variables à considérer avant de classifier une coupe comme étant attractive pour les orignaux. La première variable c’est l’existence autour de la coupe en question d’un couvert dense d’arbres résineux ou de forêts mixtes sous lequel l’orignal pourra aller se réfugier au frais et à l’abri des prédateurs. Bref il faut autant analyser le type de forêt qui se juxtapose aux coupes forestières que le bûcher lui-même, car outre la nourriture, ça prend des cachettes et de l’ombre autour d’une bonne cafétéria aux orignaux. L’autre dimension à regarder c’est la hauteur et le type de tiges arbustives qui repoussent. Pour attirer les orignaux durant le jour une coupe doit avoir une hauteur variant de préférence entre 4 pieds et demi à 6 pieds.
Les coupes que les orignaux affectionnent en automne pour se nourrir sont celles qui n’ont pas été reboisées en épinette ou en pin. Il faut aussi que la repousse soit abondante et que les nouvelles tiges soient des feuillus n’ayant pas connu d’intervention sylvicole comme du pré-éclaircissement visant à favoriser la croissance des conifères reboisés. Quand il y des orignaux dans des bûchers c’est qu’il y a du feuillage aux menus et non pas toujours des épinettes plantées en rang (monoculture). Personnellement j’affectionne les secteurs de coupes par trouées, avec protection de la régénération, dispersés loin des chemins. Je surnomme ça » mes petites cantines » aux orignaux. Enfin au cours des dernières années et en fonction de nos techniques de chasse, les guides membres de l’équipe Chasse Québec et moi prélevons autant d’orignaux le matin, le midi ainsi que le soir. L’affaire c’est que si vous marchez en mode NINJA en forêt au sein des vrais villages que les orignaux choisissent, vous augmentez toujours les probabilités tant attendues de voir un orignal et ce peu importe le moment dans la journée. Ça, c’est stimulant et excitant. BONNE CHASSE !
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