L’impressionnant parcours de Denis Côté

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Par Pierre Paquet
L’impressionnant parcours de Denis Côté
Denis Côté chez-lui à Cap-Santé, le 25 août 2024. (Photo : Pierre Paquet)

Bien qu’il soit connu par la grande majorité des résidents de la région, bien des moments de la fulgurante carrière de l’artiste de grand calibre Denis Côté, « le p’tit gars de Sainte-Christine-d’Auvergne », restent probablement à découvrir pour plusieurs autres. 

Comptant 54 années de carrière à son actif, le musicien, chanteur, animateur et compositeur Denis Côté a vu son talent reconnu par les siens − les gens de Portneuf, en particulier, et les Québécois, en général −, mais il a aussi été reconnu sur le plan international et, ce n’est pas peu dire, on le considère comme l’un des plus grands accordéonistes du Québec. 

Réalisations

Denis Côté a réalisé une trentaine d’albums, en plus de participer à plusieurs compilations. Il a été nominé trois fois au Gala de l’ADISQ. D’abord en 1996 pour l’album « Le folklore et ses légendes », enregistré avec le légendaire violoniste Paul Cormier, alias M. Pointu, puis en 1996 pour « Le folklore et ses légendes, volume 2 » et en 2016 pour l’album « Hommage à la famille Soucy ». 

Sur scène, il a notamment accompagné Joe Dassin, Gilbert Bécaud et de nombreux artistes québécois. Il a aussi fait la première partie d’un spectacle de Johnny Cash à Milwaukee.

Prix et distinctions

Ce grand musicien a reçu plusieurs honneurs, dont le prix de l’Académie Charles-Cros, à Dijon en France, en 1976 et celui de folkloriste de l’année en 1982, en plus de recevoir la médaille de l’Assemblée nationale en 2006. Sur le plan régional, il y a eu l’ouverture de la salle de spectacles La cabane festive située au cœur du village touristique d’Au Chalet en bois rond à Sainte-Christine-d’Auvergne.

« C’est ma grand-mère, Alouisa Marcotte, qui m’a montré à jouer de l’accordéon ». Photo : Offerte par Denis Côté.

Ses débuts

En entrevue avec le Courrier de Portneuf, Denis Côté a pris grand plaisir à raconter les premiers moments qui l’ont mené à rapidement devenir un artiste de grand talent. « C’est ma grand-mère, Alouisa Marcotte, qui m’a montré à jouer de l’accordéon. Dès l’âge de 10 ans, j’ai commencé à jouer des soirées complètes dans des maisons privées, tout seul, sans accompagnateur ».

Ayant clairement en mémoire de précieux moments de son adolescence, il poursuit : « À l’âge de 15 ans, j’avais mon orchestre qui s’appelait Les folkloristes de Portneuf. Puis, j’ai joué lors de soirées d’enterrements de vie de garçon jusqu’à l’âge de 17 ans. À 18 ans, j’ai commencé à animer des soirées bavaroises avec M. Robert Potvin de Saint-Raymond. Ça se passait à la plage idéale du Lac-à-la-Tortue et au Robinson, que l’on appelle maintenant le Parc de la péninsule à Batiscan. Puis, à l’âge de 20 ans, j’ai eu un gros accident d’auto. J’ai donc passé trois années où j’ai un peu mis en veilleuse la musique. Puis, j’ai joué à l’Auberge de la Chevrotière avec une troupe de folklore de Québec, Les danseurs du Rocher. Ensuite, j’ai beaucoup pratiqué l’accordéon. Et puis Télé-Métropole est venue me chercher alors que j’avais 24 ans ». 

En route vers Télé-Métropole

En 1974, alors que M. Côté participe à une émission qui s’appelait « C’est la fête à Québec » avec Robert Gillet, arrivent André Lejeune et Monsieur Pointu. Denis Côté raconte : « M’ayant entendu jouer, ils s’en vont voir ma mère pour lui dire : « On fait une émission à Télé-Métropole à Montréal, cette l’émission s’appelle À la canadienne. Ça fait 50 auditions que l’on passe parce qu’on cherche un jeune comme lui qui va jouer à l’émission. Ma mère ayant répondu qu’il n’y avait pas de problème, on m’a rappelé pour que je monte à Montréal. Trois ou quatre semaines après avoir passé l’audition, j’ai reçu un appel de Gilles Vincent, réalisateur du Canal 10 à Montréal. » Félicitations, monsieur Côté, c’est vous qui avez été choisi pour jouer à l’émission À la canadienne« . 

De succès en succès

C’est sans nul doute grâce à sa présence à cette émission, diffusée à raison de 13 épisodes par saison, que Denis Côté a commencé à connaître un grand succès. Par exemple, le disque Soirée québécoise du temps des fêtes sur lequel notre accordéoniste jouait en compagnie, entre autres, d’André Lejeune, Monsieur Pointu et Ti-Blanc Richard, s’est vendu à 250 000 copies en l’espace de trois mois. Par la suite, M. Côté fut appelé à endisquer seul. Il a donc produit Tout le monde en place pour un set, dont plus de 150 000 exemplaires ont été vendus. Puis, ce fut un autre moment marquant dans sa carrière alors qu’il a participé au spectacle d’ouverture des Jeux olympiques de Montréal, en 1976, avec l’orchestre de Jean Carignan. 

Le prix Charles Cros

De fil en aiguille, le jeune Côté fera la Place des Arts, durant six jours, en compagnie de Jean Carignan, d’où l’invitation à joindre la troupe de folklore Les gens de mon pays, qui a représenté le Canada aux Fêtes internationales de la vigne à Dijon, en France, un très important festival international de folklore qui regroupe alors 35 pays. Notre accordéoniste y remporte le disque d’argent de l’Académie Charles Cros à titre de meilleur musicien folklorique!

« Lors de la dernière journée au grand théâtre de Dijon, on m’a décerné le Grand prix de l’Académie Charles-Cros. Jos Dassin l’avait remporté en 1974. Ça faisait trois semaines que j’étais là-bas et on voulait encore me garder pour que je rencontre davantage de médias et que je participe à des émissions comme celle de Michel Drucker. Mais j’avais mon émission à Télé-Métropole et j’ai décidé de partir ». 

À la gauche de Denis Côté, le chanteur Joe Dassin. Photo : Offerte par Denis Côté.

Joe Dassin

En 1977, une dame de l’équipe de Joe Dassin appelle Denis Côté parce que le grand chanteur français, qui avait remporté le prix Charles Cros en 1974, voulait savoir qui était ce Québécois qui l’avait remporté en 1976. « Une heure plus tard, j’ai reçu un appel de Joe Dassin qui me félicitait. Il m’a demandé comment cela se faisait que je n’étais pas davantage connu. Il voulait me rencontrer, car il souhaitait que je joue de l’accordéon dans certaines de ses chansons. Nous nous sommes donc rencontrés à l’hôtel le Concorde. On est devenu de bons amis. Après ses spectacles au Québec, il revenait chez moi ».

« Je m’aperçois que c’était extraordinaire »

De tous ces temps forts de sa carrière, Denis Côté s’en souvient comme si c’était hier. Avec reconnaissance et un brin de nostalgie, il en parle en entrevue : « J’en retiens de très bons souvenirs. Par exemple l’ouverture des Jeux olympiques, ça me reste en mémoire tout le temps. Dans ce temps-là, je ne le réalisais pas. C’était un peu comme normal, mais maintenant je m’aperçois que c’était extraordinaire. Mon voyage en France; être ami avec Joe Dassin, le recevoir chez moi; les neuf années à la télévision, les artistes que j’y ai rencontrés et les nominations à l’ADISQ; avoir fait la première partie du spectacle de Johnny Cash, ça m’a beaucoup marqué ».

M. Côté en compagnie de son épouse Liliane Laliberté, lors d’un spectacle à Acapulco. Photo : Offerte par Denis Côté.

Télévision et cinéma

En plus d’avoir été accordéoniste à l’émission À la Canadienne, notre Portneuvois a été très présent aux émissions Monsieur Pointu SVP, Dans tous les cantons, en plus de jouer pendant neuf ans à la fameuse émission Soirée Canadienne animée par Louis Bilodeau. En 2017, il eut l’opportunité d’interpréter, dans le film La Bolduc, le rôle d’Alfred Montmarquette, un accordéoniste québécois bien connu dans les années 1920-1930.

Son style d’animation

Laissons cet animateur hors pair décrire sa façon de faire, en spectacle : « Je peux faire des spectacles où les gens écoutent, comme au Capitole de Québec, mais le plus grand plaisir que je retire en spectacle, c’est lorsque les gens embarquent dans le party, que ça saute et qu’ils m’appellent Denis. Ça, c’est ma paie! Les gens repartent en disant : « Mautadit qu’on a eu du fun et qu’on s’est amusé avec toi ». Ça, c’est ma grande joie ».

Il s’agit d’avoir au moins une fois participé – car on n’assiste pas à un spectacle de Denis Côté, on y participe – pour constater qu’avec lui, chaque geste, chaque prise de parole mène au rire, à l’entrain et… à la danse. On dit de lui qu’il « sait prendre le pouls d’une foule et répondre à ses attentes ».

Sources d’inspiration

Lorsqu’on lui demande quelles sont les personnes qui l’ont davantage inspiré, Denis Côté cite Gérard Lacroix de Québec et René- Alain, l’accordéoniste de la famille Soucy. Il ajoute : « Ici, dans Portneuf, il y avait Jean-Claude Petit de Saint-Basile et André Pagé du Lac-Sergent ».

L’Auvergnat de talent poursuit en parlant de ses expériences à la télé. « J’ai appris beaucoup d’André Lejeune. C’est un gars qui avait de la détermination et j’ai beaucoup appris à le voir animer, à embarquer les gens dans le party. Il était très enthousiaste. Et un gars qui m’a aidé à bien comprendre le métier, c’est Ti-Blanc Richard; surtout à Télé-Métropole alors que j’étais jeune et que j’arrivais de mon petit village de Sainte-Christine ».

Denis Côté cite aussi son épouse, Liliane Laliberté, « qui m’a beaucoup aidé, ainsi que mes sœurs et mes parents qui m’ont beaucoup encouragé ». Il se rappelle qu’il ne voulait pas aller à l’école, endroit où il avoue s’être fait « haïssable ». « Je n’aimais pas l’école, je passais mon temps à jouer des tours et je n’avais que la musique en tête. Mes parents m’ont dit : « Denis, tu ne gagneras pas ta vie avec ça. J’ai répondu : « Oui, je vais gagner ma vie avec ça ». Ce qu’il a brillamment fait, avouons-le!

« Par-dessus tout, ce que j’aime, c’est d’aller faire mon bois de chauffage sur ma terre à bois à Saint-Basile ». Photo : Offerte par Denis Côté.

Encore de nombreux spectacles

M. Côté participe encore à quelques dizaines de spectacles par année, surtout lors de festivals, à des campings et à l’occasion de fêtes de famille. D’ailleurs, il a joué au Festival western de Saint-Tite le 7 et le 14 septembre et il jouera durant presque une semaine au Festival de chasse de La Tuque, et ce pour la 48e année d’affilée.

Durant ses temps libres, M. Côté écoute beaucoup de musique country et de folklore. « Mais, par-dessus tout, ce que j’aime, c’est d’aller faire mon bois de chauffage sur ma terre à bois à Saint-Basile où je me suis construit une belle cabane » confie-t-il.

« Je remercie les gens de Portneuf »

Enfin, le grand musicien et animateur termine l’entrevue sur une note de reconnaissance : « Je veux remercier tous ceux qui m’ont encouragé durant ma carrière. Il n’y a pas un seul endroit où je suis allé dans la province sans parler du comté de Portneuf. C’est mon coin de pays et j’en suis fier. On m’a souvent dit qu’il faudrait que j’aille vivre à Montréal pour poursuivre ma carrière, mais j’ai refusé parce que j’ai voulu demeurer dans Portneuf ».

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