Une question tabou

par Robert Jasmin
Une question tabou

Quand les historiens du futur se pencheront sur l’histoire de la lutte contre les changements climatiques et notamment sur la lecture des journaux du 1er octobre 2024, ils pourront dire que ce jour-là, le canari dans la mine a chanté fort. Jugez-en par vous-même. La catastrophe portant le gentil nom d’Hélène qui s’est abattue sur le sud-est des États-Unis a laissé derrière elle des centaines de morts et de disparus, une petite ville entièrement rayée de la carte et des rivières d’eau et de boue qui ont emporté maisons et véhicules. Du jamais vu dans un pays développé.

Le même jour, comme si le hasard voulait donner un haut-parleur au canari, un rapport d’experts dévoile une étude nous disant que la chaleur de l’eau des océans est encore plus élevée que tout ce qu’on avait prévu. Faire un lien entre cette étude et la colère d’Hélène n’est pas interdit. Toujours par hasard, Le Devoir de ce même jour faisait sa une avec le titre suivant, Ressac en zone inondable. Il était question dans cet article des nouvelles règles établies par le gouvernement du Québec, en fonction d’une carte révisée des zones inondables. Des milliers de résidents ne trouveront pas cette étude très réjouissante.

Ce n’était qu’une journée de mauvaises nouvelles dans l’histoire de notre planète, toutes attribuables aux changements climatiques dus à l’activité humaine. Je n’ai fait que recenser quelques-unes des manifestations de ces changements. Quand, dans les années 1930, Hitler construisait ses autoroutes avec des panneaux indicateurs de vitesse pour les chars d’assaut (je les ai vus, ils y étaient encore en 1959 !), le canari a chanté, mais personne n’y portait attention.

Seuls quelques déconnectés de la réalité remettent en question le fait des changements climatiques de création humaine. Les gens censés diront qu’il faut absolument que les pouvoirs publics s’engagent de façon prioritaire. Mais voilà! Nous vivons en démocratie et les pouvoirs publics, ce sont des personnes élues qui sont à l’écoute de nos désirs ne serait-ce que pour être réélues. La remise en question de notre mode de vie et de consommation est une condition sine qua non de toute action environnementalement souhaitable. Sommes-nous prêts à y consentir ? Sinon, faudra-t-il un régime autoritaire pour nous y forcer ? La lutte pour notre survie est-elle compatible avec la démocratie?

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