Les 21 et 22 septembre se tenait la 9e édition de l’événement artistique et gourmand La Route des Arts et Saveurs de Portneuf. L’un des volets était le parcours Art public qui invitait à la découverte d’oeuvres qu’on retrouve sur le territoire portneuvois.
À travers ce parcours, le Courrier s’est rendu au Moulin de la Chevrotière à la rencontre du sculpteur Éric Lapointe.
Son oeuvre Tenir feu et lieu est une fresque représentant l’émergence de toute la richesse offerte par ce lieu au début de la Seigneurie de la Chevrotière.
Ses matières sont l’aluminium, la peinture cuite et un globe de cristal.
La seigneurie
« Le roi a fait construire une seigneurie ici parce qu’il y avait une rivière, explique l’artiste, donc une énergie naturelle, l’eau, où on pouvait harnacher un moulin à eau et engendrer du pouvoir pour moudre le grain, scier le bois et pour différentes tâches. C’est comme une roue parfaite pour faire fructifier les valeurs du roi. »
Le rôle du seigneur envers le roi était justement de tenir feu et lieu, expression qui définissait l’ensemble des conditions imposées aux seigneurs et aux colons, de construire une habitation, des chemins, un moulin et de concéder des terres aux colons.
D’où le titre de l’oeuvre d’Éric Lapointe. « J’ai trouvé ça tellement fascinant. À partir de là, le feu m’a marqué et l’idée que tout a été bâti autour de l’eau. »
L’artiste et son œuvre. Sur cette photo, on voit la goutte d’eau du côté gauche de la sculpture. Photo : Gaétan Genois
Le feu et l’eau
Le rond de pierres représente un spot à feu avec une goutte d’eau qui se trouve au centre.
« C’est une boule de cristal qui représente l’eau et de la goutte émerge une flamme. »
En observant à travers la boule de cristal d’un point précis, on voit apparaître la seigneurie de l’époque. On peut notamment y voir un voilier (on y construisait des bateaux), une scène d’agriculture, une petite église.
L’image à l’intérieur crée un panorama du milieu qui a émergé de la richesse de l’endroit.
C’est cette grille qui a servi à conceptualiser l’œuvre ainsi que les modelages virtuels sur ordinateur. Photo : Offerte par Éric Lapointe
L’image anamorphique
Derrière la création de cette oeuvre, il y a toute une mathématique pour en arriver à un tel résultat, qui constitue ce qu’on appelle une image anamorphique.
Le principe optique fait que la boule de cristal crée un effet de circonférence où tout devient courbe et où l’image est inversée.
L’anamorphisme, une technique qui remonte à 3000 ans, est une abstraction qui devient figurative d’un point de vue.
Interprétation de l’oeuvre
Un panneau d’interprétation explique l’oeuvre ainsi. La sculpture se déploie en lignes fluides et en couleurs chaudes pour rappeler le feu essentiel à la subsistance des premiers colons venus d’Europe.
La goutte d’eau rappelle l’importance du fleuve et de la navigation. Il suffit de plonger son regard dans le globe de cristal selon un angle précis pour découvrir les images que l’artiste fait surgir du passé grâce aux effets optiques de l’anamorphisme.
Alcoa et la municipalité de Deschambault-Grondines lui ont permis de créer cette oeuvre fascinante.
