Je me réveille ce matin, un peu plus à l’aise et moins croûté qu’à l’habitude. Je me sens frais, reposé et prêt à combattre la journée . Assez anormal pour ma personne du moins. La panique s’amène donc. Je regarde l’heure sur mon téléphone et je comprends assez rapidement que mon alarme (plus précisément la sonnerie Marimba, si vous êtes fier propriétaire d’un appareil Apple) n’a pas retenti. Merde.
Je sors du lit à la vitesse de l’éclair et je me garnis à la va-vite de premiers bouts de tissus que j’aperçois dans la pénombre qu’est ma chambre à coucher à cette heure. Même pas le temps de manger quoi que ce soit, juste le temps de me frayer deux traces de Dove sous les aisselles et je suis parti pour le boulot. J’y suis allé tellement vite que je ne me suis même pas rendu compte que mon déodorant tirait sur sa fin de vie, et au lieu de m’être appliqué une senteur de fraîcheur électrique, je me suis juste bien râpé les dessous de bras. Vivement les doux matins, hein?
Bref, dès que j’ai le pied dehors, je ne peux m’empêcher de renifler l’air, qui ne sent pas comme hier, ni comme le jour d’avant ni comme tout le temps dans le fond. Je me laisse donc aller les narines comme si j’étais un jeune Yorkshire-terrier qui venait de rencontrer l’un de ses confrères canins et qui devait, obligatoirement, question de survie, lui renifler l’orifice arrière. J’arrive enfin à mettre le nez sur ce qui perturbe mon odorat. Ça sent la muscade, ou bien en fait le clou de girofle, c’est embêtant. Du moins, ça sent assurément l’automne! Je vivais vraiment dans ma bulle ces derniers temps, ou bien je ne voulais tout simplement pas que l’été se termine, mais le mois de septembre aura passé aussi vite que mon café matinal entrant mon système digestif. Bon, je dois avouer avoir vu quelques feuilles abandonner la photosynthèse dernièrement, mais ça, c’est un détail.
Je dirige ensuite mon attention sur ce qui m’entoure, et je peine à voir, dû au brouillard, que mes voisins ont installé leurs fameuses décorations d’Halloween. Tombes, toiles d’araignées géantes et fausses scènes de crime viennent sans crier gare alourdir l’aube matinale. À ce point, je vois le paysage m’environnant devenir de plus en plus sombre, même macabre. Je sens un changement en moi. C’est à ce moment que ce sentiment anxieux passager me frappe de pleine force. Un mixte d’émotions entre le fait que je suis radicalement stressé d’être en retard malgré ma nuit réparatrice, mais abruptement écourtée, ma récente dissociation avec le temps et l’atmosphère lugubre qu’amène le décor qui m’encercle. Une chance que l’odeur du latté à la citrouille est présente pour me sauver de cet épisode anxieux, qui est passager, mais ma foi récurrent dernièrement. Trois grandes respirations s’imposent et je débarre afin ma voiture pour quitter mon bercail. Je démarre ma voiture, j’allume la radio pour une rare fois de ma vie, pas le temps de pitonner après le Bluetooth. L’animatrice radio se met à jacasser d’une voix assez désagréable pour 6 : 50. Elle finit son segment météo par “Bon dimanche à tous”. Je roule les yeux. Je mets mes émotions sur pause. Mes dessous de bras irrités et moi retournons donc au lit pour quelques heures supplémentaires.