Entre l’espoir et le chaos

par Robert Jasmin
Entre l’espoir et le chaos

Dans quelques jours, les Américains et le reste de la planète sauront si la folie maléfique d’un homme sera le chemin choisi par ses concitoyens ou si ceux-ci, dans un sursaut de dignité, jetteront dans les poubelles de l’Histoire, l’épisode peu glorieux dans lequel se sera illustré un fasciste de passage. D’ici là, leur pays vivra entre l’espoir de mieux vivre et le chaos appréhendé. Tout se jouera dans un système électoral bizarroïde où le vainqueur peut être élu sans la majorité des voix exprimées.

Mais remontons de quelques années dans le temps. Je me souviens d’avoir alors écrit que les États-Unis étaient en danger, car plusieurs indices me permettaient d’affirmer que Donald Trump pouvait entraîner son pays dans la voie du fascisme. Des lecteurs m’avaient gentiment fait remarquer que le fascisme était impossible dans ce grand pays démocratique où tout pouvoir est encadré par des garde-fous. Ce qui est vrai sauf si on contrôle chacun des organes garde-fous.

Ce que Trump a réussi à faire. Il a d’abord fait élire des êtres faibles et obéissants à la Chambre des représentants et ceux-ci ont empêché les démocrates de mettre fin à sa carrière politique après que celui-ci ait été sanctionné deux fois dans une procédure « d’impeachment ». Puis, grâce à une majorité au Sénat, il a nommé à la Cour suprême, des juges minables et corrompus qui lui ont été d’une loyauté aveugle. Il ne lui restait qu’à reconquérir le poste de président. Ce qu’il tente de faire avec son arme habituelle : un déluge de mensonges et d’exagérations.

Ce vieillard sénile a longtemps bénéficié d’un silence servile de la part des médias sur son déclin cognitif évident alors qu’ils se sont rués sur quelques moments de faiblesse de son adversaire démocrate, Joe Biden. Mais à une heure qui est tardive, ils se sont réveillés et voilà que même des républicains le renient fortement, tout comme un grand nombre de ses collaborateurs d’hier. Et, ces jours derniers, le plus important d’entre eux, John Kelly, son ancien directeur de cabinet a dit que la conduite et les promesses explicites de Trump font de lui un authentique fasciste. Le terme a aussitôt suscité l’accord de Kamala Harris et de hauts gradés de l’armée américaine. L’alerte a été lancée. Nous saurons dans quelques jours si elle a été entendue par le peuple américain.

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