À peine terminé, le plus récent film de Christian Mathieu Fournier, intitulé En attendant Casimir, sera projeté le 14 décembre à la salle de spectacles Les Grands Bois à Saint-Casimir.
Prolifique cinéaste résidant à Deschambault-Grondines, Christian Fournier a jusqu’à maintenant tourné et réalisé des films qui dénoncent des injustices ou qui montrent le bien qui se fait en région, comme La maison des Syriens, un film qui mettait en lumière l’ouverture de la communauté de Saint-Ubalde qui a accueilli une famille de réfugiés syriens. En attendant Casimir s’inscrit dans un autre registre.
Style impressionniste
Plusieurs se souviendront de l’incendie qui dans la nuit du 23 janvier 2013 a réduit en cendres une résidence pour personnes âgées (RPA) à l’Isle-Verte, entraînant dans la mort 32 personnes âgées. À la suite de cette catastrophe, il y a eu des mesures gouvernementales qui ont affecté plusieurs petites résidences pour personnes semi-autonomes. En entrevue avec le Courrier, M. Fournier raconte qu’il s’apprêtait à écrire un film dénonciateur à ce sujet. Toutefois, lorsque dans le contexte de la pandémie il a pu tourner dans la RPA tenue par Luc et Yvette Levasseur à Saint-Casimir, il a décidé de surmonter le défi de réaliser un film où on est dans l’attente et où le récit serait inspiré de la pièce de théâtre En attendant Godot, de Samuel Beckett, et de la démarche du peintre Edward Hopper1. Christian Fournier confie que le tout « révèle des tableaux cinématographiques impressionnistes dans un temps suspendu, rempli d’humanité ».
Christian Mathieu Fournier, réalisateur du film En attendant Casimir. Photo : Nadine Beaudet
Synopsis
En attendant Casimir, c’est la fermeture annoncée d’une petite RPA à Saint-Casimir et c’est l’inquiétude des cinq derniers résidents à savoir où ils devront emménager. Après s’être assuré qu’il n’était pas lui-même porteur du virus de la COVID-19, Christian est allé vivre durant une semaine dans cette résidence, sans en ressortir. Ce fut pour lui « une immersion totale, un peu comme d’aller vivre dans une abbaye ». Aujourd’hui, il constate que « ce défi est devenu une force, puisque la plus grande partie du film s’est tournée durant ces 7 jours. J’ai pu filmer certaines images à 5 h du matin, d’autres à minuit ».
Il décrit ainsi l’essentiel de sa création : « J’avais le défi de filmer l’attente, car ces personnes âgées − un peu comme dans la pièce de Beckett − attendent… sans attendre rien de précis. Ça montre qu’en vivant dans le moment présent, ces êtres humains arrivent à être bien, dans un univers où le temps semble figé ».
La résidence de Luc et Yvette Levasseur où le film a été tourné. Photo : Nadine Beaudet
Du cinéma direct
Par son non-interventionnisme, c’est-à-dire par sa façon de ne pas intervenir dans le cours des choses, En attendant Casimir s’inscrit en continuité avec les précédentes œuvres de Christian Fournier. « Nadine Beaudet (sa partenaire dans leur maison de production Les Vues du Fleuve) et moi préférons faire du cinéma direct, en ayant le moins possible recours à des entrevues ou à une narration, un peu comme le faisait Pierre Perrault ».
D’ailleurs, lorsqu’on demande à notre cinéaste portneuvois s’il se souvient d’un moment dans sa vie à l’origine de sa fascination pour le cinéma, il revient à Pierre Perrault.
« Je terminais mon bac en enseignement du français à l’Université Laval. Je regardais tous les films disponibles au centre de location qu’il y avait au pavillon Bonenfant. Je suis tombé sur le film La bête lumineuse de Pierre Perrault. J’ai d’abord pensé que c’était un film de fiction, mais c’était un documentaire sur la chasse à l’orignal. Je suis alors carrément tombé en amour avec le cinéma documentaire. Mon identité de cinéaste est née à ce moment-là ».
Après avoir été projeté le 6 décembre à la Cinémathèque québécoise à Montréal, En attendant Casimir le sera, en compagnie de son réalisateur, le 14 décembre à 15 h et 19 h, à la salle de spectacles Les Grands Bois à Saint-Casimir. On peut se procurer des billets sur le site lepointdevente.com.
Enfin, soulignons que plusieurs spectateurs seront probablement intrigués par le personnage qui rôde au crépuscule, dans les rues de Saint-Casimir, en portant une cape de prêtre. Aux dires de Christian Mathieu, ce personnage symbolise à la fois la vie et la mort, ou le Bonhomme Sept Heures, ou encore la Grande Faucheuse.
1. Peintre et graveur américain, Edward Hopper est considéré comme l’un des représentants du réalisme américain, parce qu’il peignait la vie quotidienne des classes moyennes.