J’ai sous mes yeux une photo parue dans le journal de ce matin : on y voit des militants républicains réunis dans une salle d’hôtel, en attente des résultats de l’élection américaine. Ils ont l’air angoissés. Ils sont en prière. L’un d’eux est même à genoux, les yeux fermés et les mains jointes. Une autre, la tête inclinée vers l’avant est aussi fermement en prière que tous les autres, mais elle n’a pas joint ses mains, car l’une d’elles tient un verre de vin.
Ces gens-là prient très fort en désespoir de cause car leur parti ne semble pas combler leurs attentes, c’est-à-dire l’écrasement et la déconfiture du parti qu’ils disent le parti du diable, le parti démocrate. Ces gens-là prient vraiment pour la peine. Ils prient leur dieu, le dieu des chrétiens, celui qui a dit : « Aimez-vous les uns les autres. » Ces gens-là ont ajouté aux paroles de leur dieu: « …pourvu que l’autre ne soit pas du même sexe que vous et qu’il ne soit pas démocrate ».
Ces gens-là croient dans un dieu qui a dit : « Laissez venir à moi les petits enfants. » Mais certains petits enfants vont venir avant d’être grands car ils sont tombés sous les balles de tireurs fous dans plusieurs écoles, des balles super efficaces sorties de fusils d’assaut que les tueurs peuvent acheter librement partout sur ce territoire que ces gens-là disent béni de dieu. Mais, ces gens-là qui défendent le droit pour tout citoyen de posséder et de porter des armes, un droit qu’ils disent sacré, ces gens-là, dis-je, ont quand même du coeur : ils disent à tous les parents de ces petits enfants morts qu’ils vont prier pour eux. Car ces gens-là prient beaucoup.
Ces gens-là sont très tolérants : ils acceptent sans mot dire que leur gourou à tête blonde, soit un menteur compulsif, un fraudeur à répétition, un prédateur et un apologiste de la violence en politique. Ces gens-là acceptent sans les maudire que les plus riches des plus riches financent les gens qu’ils placent au pouvoir: et, en bon fidèles, pour permettre à ces chameaux d’entrer au paradis, ils s’arrangent pour agrandir le chas des aiguilles. Enfin, pour le dire simplement, ces gens-là croient que leur dieu a pris parti et qu’il est républicain. Un peu comme les soldats allemands qui avaient sur leur uniforme les mots Gott Mit Uns, en français: Dieu est avec nous !
