Habituellement, en décembre, on souligne la fin d’une année. Mais cette année, il est plus à propos de parler de la fin d’une ère. Deux rencontres internationales tenues à Paris et à Montréal sont venues nous rappeler une réalité qui ne laisse plus de place au doute : ou nous changeons rapidement nos habitudes de vie ou nous périssons comme espèce. Ce à quoi nous assistons, c’est tout simplement la fin d’une longue période d’abondance et, disons-le, d’insouciance. Ce constat ne relève aucunement de notre volonté, mais de la force des choses.
Nous avons vécu avec la conviction que chaque génération aurait plus que la précédente. Seuls quelques visionnaires au début des années 70 prétendaient que cette conviction ne reposait que sur un fantasme, celui de la production infinie dans un monde fini. Cette utopie était celle que l’idéologie capitaliste avait réussi à nous faire avaler. Le refus du capitalisme était jadis un choix idéologique. Maintenant, c’est le constat d’une évidence : non seulement la croissance permanente est un mensonge, mais c’est un but impossible à réaliser. Or, tout le système repose sur ce mensonge et pour en sortir, il faut imaginer un autre monde qui implique forcément une certaine forme de décroissance.
Voici, pour la suite de ce billet, une série de phrases que j’ai extraites d’un article paru dans le numéro 163 de Philosophie magazine, actuellement en vente, et intitulé S’extraire du système productiviste. L’auteure est Agnès Sinaï, spécialiste des politiques de décroissance. Je vous les offre comme un cadeau-jeu pour les fêtes : si un repas devient ennuyant, lâchez une de ces phrases et voyez l’effet. C’est parti.
Un optimiste est quelqu’un de mal informé. / On ne peut pas négocier avec la nature. / Il faut mobiliser un imaginaire social tourné vers les ressources territoriales de proximité et de conservation écosystémiques. / Il faut avoir conscience d’où viennent l’eau qu’on boit, nos denrées, notre énergie… C’est un préalable pour devenir des « réhabitants », les coproducteurs des lieux que l’on habite et non seulement des résidents consommateurs. / Pour susciter l’acceptabilité de la pénurie, des solutions existent comme le filet inconditionnel à travers le revenu d’existence ou, conditionnel, alloué à tous ceux qui voudraient s’engager dans des métiers d’utilité sociale ou écologique. / Pour éviter de travailler plus et produire plus, l’anthropologue et expert financier Paul Jorion propose d’abolir le taux d’intérêt.
Joyeuses discussions et joyeuses Fêtes !
La fin d’une ère
par Robert Jasmin