J’adore les Fêtes, même si je ne suis pas pratiquante. J’aime le chaos qu’elles suscitent, les pauses et le vide qu’elles créent, ce vide dont la nature a tellement horreur qu’on se sent tout à coup obligé de le remplir par des bilans de l’année écoulée (« Dans quel bateau me suis-je embarquée ? ») et des résolutions pour la suivante (« L’an prochain, j’arrête ceci et je commence cela ! »).
L’affaire est pourtant entendue : on est tous dans le même bateau (la Terre !) et on souhaite tous la même chose (y vivre en santé et heureux). Garder le cap n’en est pas moins compliqué… Les vents sont de moins en moins cléments, et à force d’essayer de nouvelles techniques de navigation, on en oublie les anciennes, pourtant éprouvées.
Comme de s’intéresser les uns aux autres. Un retour à l’empathie 101, version planétaire 2022, pourrait-il alléger les urgences mondiales causées par les houles épidémiques, climatiques, économiques et guerrières ? Peut-on vraiment croire que l’humain, à l’origine de tous ses désastres, abrite au fond de lui des trésors de solutions, formidables de beauté et de bienveillance et qui n’aspirent qu’à s’exprimer ?
Je réponds toujours que oui : je ne suis pas pratiquante, mais j’ai foi en l’humain, il faut croire… J’ai le sentiment en effet qu’au fond de chaque adulte se cache un enfant, curieux, inventif, brave et juste, et que cet enfant n’a qu’une envie : faire du beau (« Regarde, maman, regarde ! »), parfois même jusqu’à en devenir insupportable (« Maman : REGARDE ! »).
Pourquoi n’entend-on plus ces enfants ? Ont-ils été emportés par une vague nouvelle, étranglés par les apparences, assommés par la fatigue, la peur, la faim – éteints par manque d’intérêt à leur égard ?
Selon mon expérience, l’enfant en nous n’est jamais caché bien loin, et cette simple question suffit à le faire ressurgir : « Alors : qu’est-ce que tu fais de beau ces temps-ci ? » Essayez, vous verrez ! Évitez le « Comment vas-tu ? ». D’apparence empathique, il ne génère habituellement que des réponses convenues ou des mauvaises nouvelles, pleines de coupables et vides de solutions. C’est une question d’adulte policé, à laquelle d’ailleurs les enfants ne savent jamais quoi répondre, car pour le faire il faut pencher la tête vers le nombril, alors que c’est en levant le regard qu’avec lui on peut embrasser le monde.
Le « Qu’est-ce que tu fais de beau ? », au contraire, empêche la personne à qui on le demande de s’embourber et la remet plutôt sur la route des possibles. C’est une sorte de question
« traction aid », si vous me passez l’anglicisme de saison. Elle allume une flamme au fond des yeux, d’abord imperceptible mais qui, si on l’attise doucement, devient peu à peu un sourire, une histoire, puis s’embrase en idées, en projets, en solutions ! Bravo, vous avez réussi, l’enfant est réveillé ! Et le véritable humain, c’est lui, venu sur Terre pour consacrer chaque minute de son vivant à disséminer beauté, amour et paix (un vrai conte de Noël, avouez !)
Or, un enfant réveillé n’est plus couchable, et c’est tant mieux : à huit milliards, on ne sera pas de trop pour réparer le bateau et rabibocher le troupeau… Si ça marche (ça ne coûte rien d’essayer…), l’Univers retiendra des humains qu’en 2023, enfin, « ils vécurent enfants et firent beaucoup d’heureux ». BONNE ANNÉE !
Marie-Hélène L. Papillon
courrierdemoncoeur@gmail.com
T’as parfaitement raison. Même Jésus l’a dit « si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. » Matthieu, 18:3 Mais ta façon de l’exprimer est plus facile à comprendre.
Que je reconnais bien là, la plume sublime de ma quasi « vielle » copine. Avec ces mots d’encouragements et d’espérance envers le genre humain, je la salue bien bas pour la richesse de sa prose, toujours opulente et souvent lyrique; me gardant toutefois une petite gêne et une légère désillusion envers cet homo sapiens maladroit qui renverse tout sur son passage, soit dit sans vouloir le prendre à rebrousse-poil.