Après avoir soufflé poteaux et lignes électriques sur son passage en raison des forts vents qui la caractérisait, voilà que la tempête qui a marqué le temps des Fêtes en privant d’électricité des milliers de Portneuvois pendant plusieurs jours soulève des questions et des réflexions, alors que l’heure est au bilan.
Au plus fort des intempéries qui ont sévi du 23 au 25 décembre, environ 17 000 clients d’Hydro-Québec ont été privés d’électricité dans l’ensemble de la région.
La Capitale-Nationale, dont fait partie Portneuf, a été durement affectée par cet événement météorologique extrême, reconnaît Marc-Antoine Ruest, conseiller des relations avec le milieu chez Hydro-Québec.
« Les régions éloignées situées dans les milieux boisés sont souvent plus touchées parce qu’il y a plus de poteaux, les lignes sont plus longues et il y a beaucoup d’arbres. La majorité des pannes sur le réseau de distribution sont causées par la végétation qui tombe sur les lignes électriques », mentionne le porte-parole.
Meilleure communication
S’il qualifie d’« extraordinaire » la mobilisation des travailleurs de la société d’État sur le terrain, le maire de Saint-Raymond réclame des ajustements en ce qui a trait aux communications avec Hydro. « Il a fallu poser un geste pour provoquer une réaction de la part d’Hydro-Québec », raconte Claude Duplain.
« Ce qu’on a déploré, c’est qu’il n’y ait pas eu quelqu’un déployé pour chacune des régions », renchérit, pour sa part, le député Vincent Caron, satisfait, lui aussi, des efforts des travailleurs d’Hydro pour rétablir lumière et chaleur dans les foyers.
« Tirons un enseignement de cette situation pour voir comment on pourrait ne pas répéter les erreurs qu’on a faites, c’est-à-dire de laisser nos gens dans l’incertitude. Il faut trouver un moyen de mieux informer nos concitoyens », plaide M. Caron, assurant vouloir se livrer à cet exercice sans provoquer une chasse à la sorcière.
Le représentant des Portneuvois à l’Assemblée nationale trépigne d’impatience en attendant la reprise des travaux parlementaires, le 31 janvier, pour poser des questions, notamment par rapport à la procédure de relève entre les employés d’Hydro-Québec présents sur le terrain afin de valider son efficacité. « Ce que je veux, c’est essayer de collaborer pour qu’on minimise les risques dans l’avenir », dit le politicien.
Chacun son rôle
L’important, pour MM. Duplain et Caron, c’est que chacun joue son rôle afin de servir la population éprouvée le plus efficacement possible. « Hydro-Québec s’occupe peut-être des poteaux et des entrées électriques, mais nous, on s’occupe des humains, des citoyens, et sans communication directe entre Hydro-Québec et les municipalités, c’est impossible de faire fonctionner la machine », pense le maire.
« On peut les guider par rapport à certaines choses. Quand on a des gens dans l’insécurité ou des proches qui sont en danger, ça, Hydro-Québec ne le sait pas parce qu’il n’a pas encore parcouru le terrain. Nous, après une journée et demie, le terrain était déjà parcouru. On pouvait guider [les équipes] par rapport aux dangers et à la sécurité des gens », poursuit-il.
« Il y a des situations qui étaient problématiques parce qu’il y avait des arbres qui étaient tombés dans le chemin et au bout de ce chemin-là, il y avait deux ou trois petites familles qui étaient privées de secours si nécessaire », illustre M. Caron.
Info-pannes
Tant le député que le maire dénoncent les ratés rencontrés par l’application et le site Internet Info-pannes. À leur avis, il y a eu de mauvaises estimations de la réalité sur le terrain, ce qui a conduit à de multiples reports dans les prévisions de rétablissement du courant.
« Ce qui m’a dérangé, c’est que les gens avaient perdu confiance dans le système Info-pannes à cause de reports multiples des échéances. Oui, il a manqué sérieusement de communication », plaide Vincent Caron.
Hydro-Québec affirme pourtant y apporter continuellement des améliorations et que la plus récente bombe météo sera une occasion de plus de le mettre à jour. « À chaque situation extrême qu’on a vécue, on travaille à améliorer l’application et le site Web le plus rapidement et le plus exactement possible », avance Marc-Antoine Ruest. « Mais les informations peuvent parfois être mises à jour et les délais retardés à cause du grand volume de travail à effectuer sur le terrain », explique-t-il.
Citoyens d’abord
Partout où la situation le requérait dans la MRC, les employés municipaux ont pris part sans hésiter au mouvement de solidarité qui s’opérait envers toute la population. Plus ou moins rapidement, des centres d’urgence ont été mis sur pied, permettant aux citoyens de trouver du réconfort et de la chaleur. Outre Saint-Raymond, Rivière-à-Pierre, Pont-Rouge, Saint-Basile, Saint-Marc-des-Carrières et Saint-Alban ont ouvert des refuges, d’après des informations glanées sur Facebook.
Parmi les constats de Vincent Caron, au moment du bilan de cette tempête ayant eu raison de nombreux réveillons de Noël, ressort la nécessité que chaque municipalité puisse déployer un centre où ses résidents pourront trouver un toit temporaire, ne serait-ce que pour charger la pile des appareils électroniques devenus indispensables ou avoir accès à de l’eau et à des blocs sanitaires.
Sans génératrice
L’une des problématiques soulevées dans la mise sur pied des refuges est que de nombreuses localités ne possèdent pas de génératrice pour l’opérer adéquatement advenant une coupure d’électricité qui perdure.
« Je vais me renseigner pour savoir comment accompagner les municipalités qui ne sont pas dotées d’équipements minimaux pour répondre à la situation », a laissé tomber M. Caron. Saint-Raymond compte parmi celles qui réfléchissent à l’acquisition d’un tel équipement.
Améliorations souhaitées
De plus, l’expérience vécue à Saint-Raymond soulève l’importance de faciliter la collaboration avec les partenaires du plan d’urgence. « Dans le cas d’un sinistre comme celui-là, on interpelle tous nos partenaires du plan de mesures d’urgence : le MTQ, la SQ, le CIUSSS de la Capitale-Nationale », affirme le directeur général de la Ville, François Dumont.
« On a certains partenaires avec qui il a fallu travailler avec le député parce qu’au début, les portes n’étaient pas tellement ouvertes. Le député a réussi à nous ouvrir les portes pour avoir des ententes spécifiques », complète le maire, Claude Duplain.
Mieux prévoir
Devant la possibilité qu’une tempête d’une telle ampleur survienne dans un avenir plus ou moins rapproché, il importe de mieux prévoir en formant, entre autres, une équipe de relève. Tous les services publics et des loisirs de la Ville de Saint-Raymond étaient au travail. « Personne n’a hésité à laisser tomber ses vacances des Fêtes pour venir aider les citoyens », a dit M. Duplain, tout en les remerciant.
« Si on se fie à ce qu’on nous dit, avec les changements climatiques, ce genre d’épisode risque de se reproduire », pense M. Duplain. « Pour nous, avoir un black-out de même autant de jours, c’est un cataclysme. »
« On a eu la garantie à un très haut niveau qu’il y aurait un debriefing sur ce qui s’est passé à Saint-Raymond et de comment on pourrait améliorer les communications. On a nos suggestions, ils ont les leurs », a-t-il évoqué.