Les déserteurs

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Par Robert Jasmin
Les déserteurs

Les médias n’en finissent plus de nous rapporter des histoires aberrantes issues du monde universitaire. Que ces cas nous viennent d’ailleurs ou d’ici, la démission des autorités des universités semble contagieuse. Le dernier cas nous arrive des États-Unis. L’affaire se passe dans le Minnesota à l’Université Hamline. La direction de l’établissement vient de refuser le renouvellement de contrat d’une professeure d’histoire de l’art à la suite d’une plainte de la part d’une étudiante musulmane à l’épiderme intellectuelle plutôt sensible. Voyons les faits.
Permettez-moi d’abord un court préambule. On imagine normalement que si une étudiante est inscrite en histoire de l’art, elle s’attend à entendre parler et à voir des œuvres du passé. Vous me voyez un peu gêné de préciser de telles évidences, mais voilà où nous en sommes rendus. Donc, une partie de ce cours a trait à l’art islamique et porte sur ses différentes illustrations à travers les siècles. Mais voilà que, parmi ces œuvres, se trouve un tableau du 14e siècle qui représente – oh horreur ! – le prophète Mahomet. Nous savons tous – des terroristes nous ayant bien enseigné la chose – qu’il est interdit de dessiner sous quelque forme que ce soit, le visage du prophète.
La professeure avait généreusement pris la peine d’expliquer que les règles islamistes ont varié au fil du temps, mais en vain : l’étudiante s’est dit offensée dans ses croyances et a déposé une plainte à l’administration. Je ne sais si l’Université du Minnesota s’est servilement référée au tristement célèbre cas de la professeure Lieutenant-Duval, qui enseignait sous la férule du recteur Frémont de l’université d’Ottawa, mais quoi qu’il en soit, son administration a décidé de ne pas renouveler le contrat de l’enseignante à la suite de la plainte. La « coupable » a eu beau s’humilier en présentant ses excuses, rien n’y fit.
Le New York Times rapporte les paroles de la présidente de l’Université : « Le respect pour les étudiants observant la foi musulmane dans cette classe aurait dû supplanter la liberté académique ». De telles universitaires mettent les croyances de certains au-dessus de la science et des connaissances universelles. C’est une trahison de la part des gardiens du savoir. Dans la guerre sans fin contre l’ignorance et l’obscurantisme, les universitaires sont sur la ligne de front. Or, ici et ailleurs, des déserteurs quittent le front, laissant le champ libre aux barbares. Une union sacrée des universitaires lucides doit se lever et défendre la liberté académique, seule gage du progrès et de l’accessibilité de tous au savoir.

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