Des relations humaines menacées ?

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Par Robert Jasmin
Des relations humaines menacées ?

« Les élèves ne sont pas des ressources qui doivent s’adapter à des machines afin de doper la croissance économique. Ce sont des êtres humains, citoyens en devenir, qui ont besoin d’êtres humains ». C’est par ces mots que Louis Cornellier, du Devoir, a conclu un commentaire au sujet d’un essai qui vient de paraître aux éditions Écosociété, Bienvenue dans la machine. Enseigner à l’heure numérique. Les auteurs, Éric Martin et Sébastien Mussi, eux-mêmes professeurs de philosophie, tirent la sonnette d’alarme : « La mondialisation — économique, politique et culturelle — rend obsolète l’institution implantée localement et ancrée dans une culture déterminée qu’on appelle « l’école » et, en même temps qu’elle,  « l’enseignant ».

Depuis le tout début de l’humanité, des femmes et des hommes ont appris à d’autres êtres humains que ceux-ci pouvaient accroître leurs connaissances et devenir plus aptes à comprendre le monde dans lequel ils vivaient. C’étaient des êtres vivants qui exposaient leur savoir devant d’autres êtres vivants. Avec des qualités propres à édifier ceux qui étaient en apprentissage, mais aussi avec leurs défauts qui rassuraient ceux-ci aux prises avec leurs propres imperfections. Dans des sociétés qui valorisaient les relations humaines, les enseignants étaient parmi les individus les plus respectés et dignes de considération.

La course aux technologies n’a pas épargné le monde de l’éducation, où la présence des machines menace celle des enseignants. Il ne s’agit pas, bien sûr, de nier l’apport phénoménal de la technologie dans la panoplie d’instruments mise à leur disposition. J’en ai personnellement vécu l’expérience lorsqu’une enseignante m’a invité dans son cours pour initier les élèves au monde de la poésie : tous les textes des poèmes ou chansons que je citais pour illustrer mon propos m’étaient accessibles au bout d’un simple clic et sur un large écran, mais les machines ne pouvaient pas me remplacer avec mes commentaires, mes improvisations, mes hésitations et mes reprises lorsque le regard de certains me disaient qu’il fallait mieux expliquer ce que je tentais de dire.

La communication entre humains passe par les yeux, la voix et les mouvements des mains et du corps dans son ensemble. La machine ne perçoit pas le froncement des sourcils de l’élève qui n’arrive pas à comprendre, mais l’être humain qui est là, devant lui, peut percevoir la difficulté et adapter son intervention. Enfin, il ne faut pas oublier que l’être humain qu’est l’enseignant partage souvent plus d’heures éveillées avec l’élève que les parents et qu’il peut devenir l’autre modèle dont l’élève a besoin pour avancer dans la vie.

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