(2e de 2) – Un trajet d’une heure me sépare de ma prochaine destination, Santa Barbara de Samana, chef-lieu, de cette province que je découvre jour après jour. Ce chemin sinueux me fait découvrir, tout au long de ce parcours, des villages et ses habitants vivant dans des conditions plus difficiles. Mon œil attentif s’arrête sur la précarité des habitations et des installations. Les villageois s’y affairent en ce samedi matin, arborant des vêtements impeccablement propres et un sourire qui dissimule ce que je perçois comme une gêne en reflet à mon regard d’étrangère qui traverse leur patelin dans une Toyota trop neuve. Puis, ce sont les buttons et les montagnes qui envahissent le paysage qui se verdit jusqu’à me plonger dans une jungle épaisse où les espèces se chevauchent dans une prestation remplie d’humilité, mais qui me ravit et me fait découvrir une flore abondante, presque intacte du passage de l’homme, si ce n’est de la route bien asphaltée qui me mène au sud de la péninsule, jusque dans la baie de Samana. Plus je m’approche de cette ville, plus mon regard se désole et remarque encore cette pauvreté qui s’enracine dans cette terre de moins en moins fertile, défrichée, exploitée et habitée par une population qui m’apparaît trop nombreuse et qui s’est installée dans cette baie qui sait encore charmer mon regard. De l’hôtel qui surplombe l’anse où se berce la mer vert turquoise, le point de vue est saisissant et j’y oublie la laideur des rues traversées, alors que mes paupières préféraient se fermer pour éviter les images polluées que la ville m’envoyait. Le lendemain, motivée par mon envie de découvrir le monde et de le comprendre, c’est à pied que je pars marcher les rues encombrées la veille. Le son des klaxons, des motos et d’une circulation dense qui converge tout autour des carrefours giratoires accélère mon pas. J’enregistre, sans que mon visage le laisse paraître, chaque scène déplorable que je vois. Les gens affairés ont toujours ce même regard gentil qui traduit un certain embarras. Je me sens comme un imposteur, même avec ma peau dorée, je suis trop blanche. La pauvreté est palpable, les rues sont sales, les déchets ornent les trottoirs, l’odeur du marché public devient insupportable. La pollution est partout. Je ne saurais dire si la ville est en reconstruction ou en démolition. J’ai littéralement mal pour ma planète. Afin de me réconcilier avec le bleu du ciel et cette chaleur si caressante, je choisis d’aller visiter Playa Rincon, qui ferait partie des dix plus belles plages du monde selon les Dominicains. La balade en auto pour m’y rendre me permet de découvrir la campagne dominicaine qui m’émerveille. Des plantations de fruits et légumes enjolivent le paysage des petits villages propres et accueillants. On y rencontre des camions remplis de légumes, un autre où sont empilées des centaines de douzaines d’œufs et des parents qui vont porter les petits à l’école en montant jusqu’à cinq sur une petite moto qui semble le moyen de transport privilégié! D’autres écoliers marchent en bordure de route, mon cœur fond devant leur désinvolture enfantine, leur tenue irréprochable dans cet uniforme immaculé ainsi que la joie qui transcende leurs visages. Quelques montagnes plus loin, du haut de l’une d’elles, je l’aperçois vierge et déserte, plus bleue que le ciel et plus chaleureuse que toutes les autres. Playa Rincon s’offre tout entière dans son immensité. Évidemment, j’y plonge et c’est avec une tortue de mer que je me lie d’amitié pour partager les flots!
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