Le comité Élan a eu gain de cause devant sa volonté d’assurer la survie des femelles l’automne prochain. Plutôt qu’une saison de chasse permissive dans la zone 27, les chasseurs de ce territoire devront abattre seulement des mâles.
« Dans une lettre datant du 15 mai, il nous revient sur la rencontre du 27 avril. Ce qui est dit, c’est que l’année 2023 était une année de permission de prélever des femelles, mais il nous avise que ce sera une année de chasse au mâle seulement. C’est signé du ministre Benoit Charrette. Ils nous disent aussi qu’ils vont rendre cette information publique plus tard en août. Cependant, l’équipe de communication nous autorise à partager l’information », explique le chasseur Michel Therrien, qui se réjouit de ce changement longtemps espéré.
Sonner l’alarme
En septembre 2022, le Comité Élan, qui regroupe près d’une vingtaine de gestionnaires de territoires fauniques, avait sonné l’alarme sur le problème de la diminution du cheptel d’orignaux qui affectait l’ensemble de la zone 27. « Une femelle que tu tues, c’est sept originales de moins en cinq ans. On n’en a pas pour une décennie et les gens du comité Élan pensent beaucoup à la relève », indique le maire de Saint-Raymond et membre du regroupement, Claude Duplain.
Mesure bien accueillie
Il n’y a pas que les membres du comité Élan qui voient d’un bon oeil le resserrement de la règlementation de la chasse au sein du territoire de la zone 27. Des chasseurs et d’autres acteurs du milieu perçoivent, eux aussi, le tout comme étant bénéfique pour freiner la diminution du cheptel.
« C’est une super bonne nouvelle dans le sens où le gouvernement est proactif sur le dossier. On n’est pas arrivé là en leur disant quoi faire, mais on a présenté nos inquiétudes avec des données à l’appui « , mentionne le gestionnaire de la chasse pour Club Saint-Vincent et membre du comité Élan, Alexandre Laflamme. » C’est vraiment un gros travail et une grosse victoire d’avoir fait modifier le règlement du Ministère de la Faune pour interdire la femelle et le veau cette année. C’est une première amorce dans le but d’avoir une nouvelle manière de chasser pour préserver l’élan. Je n’ai pas rencontré un chasseur qui m’a dit que cela n’avait pas de bon sens. Tout le monde est au courant de la baisse du cheptel dans la zone 27 « , affirme M. Duplain.
Claude Duplain, Michel Therrien et William Romain. Photo – Stéphane Pelletier
Autres revendications
» La victoire, c’est d’avoir été accueilli rapidement dès l’entrée en poste de Benoit Charrette. On a senti qu’il y avait un partenariat qui s’installait. C’est un pas vers l’avant, mais il faut poursuivre, car il y a d’autres enjeux. Il y en a de foresterie, au niveau des usages de la motoneige et au niveau du chevreuil pour qu’il n’envahisse pas l’aire d’habitat de l’orignal. On va continuer et on va faire valoir d’autres aspects qui se doivent d’être pris en charge « , mentionne Michel Therrien.
Des proies exclusivement masculines : tout dépend où, précisent deux experts
Même s’ils se réjouissent de l’avancée promise par le ministre Charrette pour assurer la survie des femelles et des veaux, deux experts de la chasse tiennent à préciser, à ceux qui la pratiquent, que l’application de la nouvelle mesure comporte des exceptions en ce qui a trait à sa mise en vigueur.
» Cette modalité de chasse sera applicable à l’ensemble de la zone de chasse 27, à l’exception de la Seigneurie de Beaupré et de la plupart des pourvoiries à droits exclusifs de Charlevoix. Ils disent que les réserves fauniques des Laurentides et de Portneuf seraient également exclues de cette mesure. Par contre, ils disent qu’aucun permis spécial autorisant le prélèvement de femelle ne sera délivré pour ces territoires à l’automne 2023 « , indique le spécialiste Michel Therrien, nouvellement chroniqueur mensuel dans les pages du Courrier de Portneuf.
» Ce n’est pas toute la zone 27 qui va en bénéficier en 2023 parce qu’il y a certaines particularités dans ce changement réglementaire. Tout ce qui est un territoire libre, les terrains privés, tous les secteurs où il y a de la chasse à l’orignal avec un système d’attribution d’un permis de femelle par alternance, eux, ils bénéficient de ça dès cette année. Dans les territoires libres et les territoires privés, le veau va également être protégé. Dans le fond, c’est un permis d’orignal sans bois. Donc, ça protège le veau et la femelle. C’est seulement la SEPAQ Portneuf et Laurentides qui vont permettre le veau pour 2023 « , ajoute William Romain, membre du comité Élan et gestionnaire du secteur Tourilli et représentant de la nation Huron-Wendat pour bien expliquer la situation.