Le saumon, un roi des rivières méconnu

Photo de Gaétan Genois
Par Gaétan Genois
Le saumon, un roi des rivières méconnu
Le président de la Société d'histoire de Cap-Santé, Michel Bertrand, en compagnie du conférencier de la CBJC, Jonathan Richard. (Photo : Gaétan Genois)

C’est le roi des rivières au Québec, et c’est l’espèce emblématique de la Jacques-Cartier. Pourtant, on constate que sa présence dans ce majestueux cours d’eau est parfois méconnue. C’est justement pour sensibiliser à sa présence que des opérations sont menées en continu.

L’une des dernières a eu lieu le 7 juin, à Cap-Santé, alors que la Société d’histoire du Cap-Santé, présidée par Michel Bertrand a invité la CBJC afin de revoir le passé et l’avenir du saumon dans la Jacques-Cartier.

Des travaux sont en cours sur le site de la passe migratoire afin d’améliorer et bonifier l’expérience offerte aux visiteurs.

Après avoir prononcé une conférence de plus de 30 minutes sur l’histoire du saumon dans la rivière Jacques-Cartier, le responsable au développement de la Corporation de bassin de la Jacques-Cartier (CBJC), Jonathan Ricard a évoqué les travaux en cours visant à permettre une meilleure expérience de visite pour la population.

« On veut accueillir plus de visiteurs et donner accès à la ressource à la population », dit le conférencier.

Observation spectaculaire

L’observation d’un très gros saumon de très près est plutôt spectaculaire. La réflexion du bâtiment d’accueil et l’amélioration de l’espace d’observation du saumon créeront une expérience immersive pour l’observateur.

La phase 2 verra l’établissement d’un corridor riverain visant la protection, la conservation et la mise en valeur des multiples atouts de la rivière Jacques-Cartier et de ses rives.

Le résultat de ces travaux sera l’objet d’une inauguration cet été, lorsque les travaux seront complétés.

La conférence avait pour but entre autres de rappeler les débuts de la CBJC, l’organisme de bassin versant mandaté par le ministère de l’Environnement pour assurer une saine gestion intégrée de l’eau.

Mais d’abord, royauté oblige, parlons de ce poisson très recherché qui a constitué la subsistance des premières nations pendant des milliers d’année, et qui plus tard a été le plaisir suprême des passionnés d’halieutique. Du moins jusqu’au début du 20e siècle.

Esturgeons et saumons

Le saumon était si abondant que Samuel de Champlain parlait dans ses écrits de la rivière des esturgeons et des saumons. La croyance voulait que Jacques Cartier avait séjourné à son embouchure. Pour cette raison en 1656, le cours d’eau s’est officiellement appelé rivière Jacques-Cartier.

À partir des années 1700, la pêche dans la Jacques-Cartier devint l’apanage des officiers militaires de haut rang. C’est en 1877 que le premier club de pêche au Québec s’y implanta.

Après cet âge d’or qui durait depuis l’aube des temps, la rivière fut l’objet d’une utilisation intensive à d’autres fins que la pêche au saumon. Bien que participant à l’économie du pays, ces usages nouveaux portèrent préjudice au saumon.

Des barrages érigés en 1904, puis en 1913 à l’embouchure du cours d’eau, enlevèrent tout espoir au noble poisson de revenir frayer dans la rivière qui l’a vu naître. Le saumon est une espèce dite anadrome. Il vit en mer mais remonte les cours d’eau, fleuves et rivières pour s’y reproduire et pondre. Ces beaux jours étaient révolus, et le flottage du bois qui a duré jusqu’en 1975 n’arrangeait pas les choses.

Ancêtre de la CBJC

En 1979, un groupe de passionnés, biologistes, pêcheurs et citoyens se mobilisait et formait un nouvel organisme, la Corporation de restauration de la Jacques-Cartier (CRJC). « Il y a déjà eu du saumon ici, on devrait essayer de le réintroduire dans la rivière ». Voilà les prémisses qui auront mené à cette union des forces.

Fort du slogan Une rivière pour tous, la CRJC était l’un des premiers organismes à se donner comme objectif de réintroduire le saumon dans une rivière où il avait été si abondant. Les obstacles étaient nombreux. Les barrages et le puissant torrent des gorges Déry lui barraient désormais le passage dans la rivière.

Des solutions existaient et on y croyait. Ensemencement dès 1981, aménagement d’une passe migratoire en 1985, transport par camion au-delà des obstacles sont parmi les mesures mises en place.

Métamorphose

En 2004, la CRJC se métamorphosait en CBJC, soit la Corporation du bassin de la Jacques-Cartier. La mission était élargie, la CBJC devenait l’un des nombreux organismes de bassin versant (il y en a une quarantaine) en opération au Québec.

« Le saumon reste le porte-étendard d’une saine gestion intégrée de l’eau, explique Jonathan Ricard. Les activités et les usages qui ont cours sur son territoire s’écoulent dans la rivière et ont un impact sur l’habitat du saumon ». 

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires