À Rivière-à-Pierre comme ailleurs dans la MRC, la communauté réfléchit à des solutions permettant la sauvegarde l’église, menacée de fermeture. L’initiative d’un groupe citoyen a donné le coup d’envoi à une réflexion collective permettant d’assurer la sauvegarde du lieu de culte et de son patrimoine, dont le presbytère attenant, une fois la démarche de désacralisation achevée.
Dès qu’elle a appris, en février, que l’église de sa localité allait potentiellement fermer, Ghislaine Delisle, 72 ans, a senti l’appel et s’est investie à bras-le-corps pour assurer un avenir à ces lieux qui constituent, pour elle comme pour ses concitoyens, un legs important en plein cœur du village.
La résidente de Rivière-à-Pierre a même participé au Lab Créatik, en avril, pour développer un projet permettant d’assurer la pérennité de l’ilot paroissial. Elle est ressortie de cette expérience avec la mission de conscientiser et de rassembler les Ripierrois à l’importance de sauvegarder l’église.
« L’église, c’est notre âme. C’est un lieu de rencontre qui représente beaucoup. Tout a été construit ici par nos ancêtres », a réagi, en entrevue téléphonique, Mme Delisle, qui préside le comité citoyen composé d’une quinzaine de citoyens de toutes les générations, dont le conseiller municipal Alain Lavoie.
Des rencontres de concertation avec le directeur général de la paroisse Saint-Raymond-du-Nord, Eddy Alain, ont lieu chaque mois pour suivre la situation de près. L’agent de développement culturel à la MRC, Gabriel Ouellette, accompagne aussi le regroupement de citoyens. Il s’occupe notamment de diffuser l’information relative à la Loi sur le patrimoine culturel dans le milieu.
« Les municipalités doivent comprendre et prendre en main les outils qui sont à leur disposition en ce qui a trait à la sauvegarde du patrimoine et la loi pour assurer un développement harmonieux », souligne M. Ouellette, dont l’un des mandats consiste à jouer un rôle-conseil auprès des élus et des citoyens, notamment pour la sauvegarde des lieux de culte et du patrimoine religieux.
Sondage
L’une des premières actions concrètes du comité a été de sonder la population pour connaître ses besoins en ce qui a trait à ses désirs concernant la sauvegarde de l’église.
« Selon les résultats obtenus du sondage, on constate que la majorité des citoyens souhaite conserver l’église et le presbytère. La priorité reste la conservation du lieu de culte », a déclaré Ghislaine Delisle.
« Une bonne majorité des répondants se sont dits en faveur de la conservation de l’église et du presbytère pour des usages collectifs. Seules trois personnes ont affirmé qu’ils choisiraient de s’en départir », poursuit-elle.
Une question du sondage abordait plus largement sur les enjeux locaux. Il en ressort qu’une grande préoccupation des répondants est l’accès aux soins de santé, tandis que les autres besoins exprimés touchent le vivre ensemble et l’accès à la culture, mentionne la présidente.
Place à la culture
L’intention du comité de sauvegarde est de conserver une partie de l’église pour la pratique du culte religieux. L’espace restant serait dédié, selon la volonté des citoyens, à la diffusion de la culture, un créneau peu exploité à Rivière-à-Pierre, a mentionné Mme Delisle.
Des données issues des résultats du sondage confirment la nécessité, en concordance avec les besoins des citoyens d’y aménager une plus grande bibliothèque, un espace d’exposition, un lieu de formation en art et métiers d’art, d’un service de restauration et d’une boutique de produits locaux. Une majorité des répondants y souhaitent l’aménagement des locaux pour des cours de loisirs.
Les acteurs de ce projet de sauvegarde sont d’ailleurs à la recherche d’un ou de plusieurs promoteurs pour donner une seconde mission à l’église construite en 1909. Des bâilleurs de fonds désirant investir dans le développement d’un centre culturel peuvent aussi se manifester, ajoute Ghislaine Delisle.
Vœux de la jeunesse
Sondée elle aussi, la jeunesse de Rivière-à-Pierre voit, dans la désacralisation de l’église, l’occasion d’y installer une maison des jeunes, des salles de cours et de loisirs intérieurs, entre autres.
Carnet de santé
Parallèlement à ces démarches visant à mieux définir la prochaine mission communautaire de l’église et du presbytère, les citoyens qui ont à cœur l’avenir de leur église attendent une mise à jour du carnet de santé de ces deux immeubles d’ici la fin de l’été afin de connaître l’état complet des infrastructures et déterminer si la situation est de bon augure pour y développer un projet.
Fermeture repoussée
Plus tôt cette année, la paroisse Saint-Raymond-du-Nord avait initialement annoncé la fermeture de l’église Saint-Bernardin-de-Sienne pour le mois d’octobre 2023. Mais la date butoir a été repoussée à l’année 2024. Depuis le début de l’été, des messes y ont lieu toutes les deux semaines.
