Donner son opinion, c’est un art. Surtout à l’écrit, par l’intermédiaire des journaux locaux et nationaux. Ce passe-temps n’a plus de secret pour Marcel Perron, de Neuville, qui en fait sa passion depuis une douzaine d’années.
Plusieurs fois par mois, M. Perron rédige et achemine, par courriel aux rédactions des journaux, dont le Courrier de Portneuf, des lettres d’opinion.
À force d’en recevoir et de les lire en vue de leur publication dans nos pages, il m’est venu l’idée d’aller à sa rencontre pour mettre un visage sur un nom connu de notre équipe et de notre lectorat dans l’objectif de mieux cerner les rudiments et le fondement de cette passion peu commune.
D’enseignant à essayiste
Aujourd’hui à la retraite, l’homme de 75 ans a troqué le rôle d’enseignant en histoire et en économie pour transmettre ses idées en endossant un rôle d’essayiste. Écrire et diffuser ses idées dans les journaux est le moyen qu’il a trouvé pour conserver cette habitude qu’il avait de traiter l’actualité dans ses cours.
« Quand on enseigne l’histoire et l’économie, c’est important d’être informé. Avec les élèves, je me faisais un devoir d’aborder un thème en rapport avec l’actualité et le vulgariser, en parlant simplement des choses complexes », se souvient-il.
Lorsqu’il a écrit sa première lettre d’opinion et qu’elle a été relayée dans les pages du Soleil, M. Perron était loin de se douter qu’il allait développer un talent et une aisance à rédiger des lettres ouvertes ni même qu’il en viendrait à posséder le flegme des plus grands chroniqueurs et éditorialistes les plus réputés.
« À ma retraite, j’ai continué de faire cela, mais autrement », soulève celui qui est un lecteur avide de journaux et qui est passionné par l’actualité, particulièrement par sa sphère politique.
Le 8 avril 2011
La date du 8 avril 2011 restera gravée à jamais dans la mémoire de Marcel Perron. D’abord parce qu’il s’agit de la date de son anniversaire de naissance, mais surtout parce que cette année-là, le Soleil a publié, pour la première fois, un de ses écrits dans sa rubrique Parole aux lecteurs. Un présent inestimable et inattendu à ses yeux. Une reconnaissance qui a donné le ton à un passe-temps devenu une passion.
Dans sa première lettre ouverte, M. Perron a abordé le travail d’André Arthur, à l’époque député indépendant de la circonscription de Portneuf – Jacques-Cartier à la Chambre des communes.
Ce premier écrit lui a donné le goût de récidiver en traitant, la plupart du temps, des enjeux politiques. Étant un souverainiste qui assume pleinement ses convictions, il s’inspire de l’actualité qu’il suit assidument en lisant, chaque jour, Le Devoir, La Presse + et Le Soleil pour analyser et vulgariser différents enjeux.
Plus de 350 textes
Sa passion pour l’opinion l’a amené à écrire, en une douzaine d’années, environ 350 textes sur une pléiade de sujets. Marcel Perron estime qu’environ 75 % de ces lettres ouvertes ont été publiés dans différents journaux.
L’un de ses amis, François Hardy, lui aussi enseignant à la retraite, lit tous ses textes avant qu’il les soumette aux médias. En plus d’effectuer la révision linguistique, il transmet ses commentaires à Marcel concernant le propos et l’angle abordé. Le fait de trouver une alliée en sa conjointe, Marie-France, elle aussi issue du milieu de l’éducation, le conforte et lui permet d’obtenir des réactions nuancées à ses écrits avant qu’ils ne soient publiés.
Car donner son opinion sur des sujets tranchants peut sembler déroutant et intimidant. Mais avec la rétroaction qu’il obtient, Marcel Perron dit être à l’aise de se commettre, même si, au tout début, il avait certaines craintes après avoir reçu des appels de menaces et avoir dû recourir au soutien de la police.
« Ça s’est calmé rapidement », indique-t-il en regardant la pile de serviettes qui contient tous les textes qu’il a rédigés, poussant du même coup, un rire et en esquissant un sourire.
« Les textes, je les garde tous. C’est comme une collection de réalisations, une fierté », admet-il, soulignant que, dans l’enseignement, il est difficile de constater et de mesurer les effets de son travail sur les élèves, comme ils développent, en continu, leurs compétences.
En contrepartie, quand l’opinion qu’il soumet n’est pas publiée, c’est un comme un fœtus qui n’arrive pas à terme, donc, qui n’existe pas aux yeux du public, mentionne-t-il, sans pour autant se montrer déconcerté.
De l’idée au texte
« Souvent, je vais partir d’un titre », explique M. Perron, au sujet de son processus de création, qui stimule son intellect et qui lui permet, à son âge, « de garder le mental éveillé ». C’est l’une de ses premières motivations pour rédiger des textes d’opinion.
« À partir du moment où j’ai une idée pour un texte, ça me prend environ deux heures pour l’écrire. Je me suis déjà levé la nuit pour écrire », expose-t-il. « Quand une idée lui vient, il part. Il peut écrire n’importe quand », renchérit Marie-France, sa complice de tous les jours.
Sa rhétorique, Marcel Perron, atteste l’avoir développée grâce à l’enseignement. La rigueur dans l’écriture est fondée sur l’habileté à structurer et à planifier un cours, conçoit-il.
« J’écris environ un texte par semaine », détaille M. Perron. Pour ce faire, il s’installe devant l’ordinateur, dans un bureau situé à l’étage de sa résidence.
En tapant les premiers mots d’un texte, Marcel Perron entre, dès lors, dans un univers de création au sein duquel il se dit stimulé par son pouvoir de vulgarisation. « J’aime écrire dans le but que les gens comprennent un enjeu à travers ma vulgarisation », fait-il savoir. Son esprit de synthèse lui est très pratique, à cet égard, pense-t-il.
Questionné à savoir, s’il avait un rituel d’écriture ou un cadre précis, M. Perron notifie qu’il n’en est rien.
À tous ceux et celles qui seraient inspirés par son passe-temps et qui aimeraient suivre ses traces, Marcel Perron conseille ceci : « il faut plonger et écrire de manière honnête sur un sujet avec lequel on est à l’aise sans avoir peur de l’opinion publique. »