À peine 48 heures avant qu’ils ne montent à bord de l’avion qui les ramènera en France si rien ne change, le député fédéral Joël Godin a pressé le ministre de l’Immigration, Marc Miller, d’annuler l’avis d’expulsion de la famille Imbeault-Saint-Agne, qui réside à Saint-Raymond depuis cinq ans.
Survenue ce matin, la sortie publique de l’homme politique, qui suit le dossier quotidiennement depuis les deux dernières semaines, visait aussi à dénoncer des irrégularités relativement à la prise des empreintes digitales des deux enfants du couple au moment d’obtenir des laissez-passer pour eux – leurs passeports étant échus – auprès du consulat de France.
« Chez les enfants âgés de 14 ans et moins, la loi ne permet pas d’obliger les empreintes digitales », argue Joël Godin, après avoir contacté le ministère de la Sécurité publique pour leur indiquer cet impair.
Deux demandes
En raison du non-respect de la loi ne permettant pas de ficher des enfants de moins de 14 ans faisant l’objet d’un avis d’expulsion, mais notamment parce la famille ne représente pas de danger, qu’elle ne représente pas un fardeau pour la collectivité et qu’il n’y ait pas urgence d’agir, Joël Godin souhaite voir l’avis d’expulsion renversé d’ici le 13 août, date à laquelle les Imbeault-Saint-Agne n’auront d’autre choix que vivre en France, ce qui les bouleverse.
L’ultime souhait de Joël Godin vise à permettre à la famille d’effectuer une demande de résidence permanente depuis le Canada.
Toujours dans l’incertitude
Malgré cette demande du député de Portneuf – Jacques-Cartier, l’incertitude plane toujours pour Maïlys Imbeault, Guillaume Saint-Agne ainsi que leurs enfants Lylia et Nolhan. Ils ont interrompu leurs préparatifs de départ pour assister à l’annonce du député, vendredi matin, sans avoir la garantie de pouvoir demeurer au pays.
« Nos billets sont dimanche, on doit partir dimanche et on n’a plus le droit de revenir sur le territoire », a laissé tomber Mme Imbeault, avec des nœuds dans la voix.
« C’est difficile. On a vendu notre voiture hier, on fait nos cartons, on voit nos enfants très peu manger, très peu dormir, nous aussi. On garde espoir », poursuit la mère de famille.
Démarches laborieuses
Mais la décision du nouveau ministre de l’Immigration, Marc Miller, pourrait être communiquée à la famille qu’au moment de monter à bord de l’avion, et ce, malgré les démarches laborieuses entreprises par le couple et le député Godin.
« Moi, ce que j’ai comme assurance de la part du cabinet du ministre de l’Immigration, c’est qu’il a plein pouvoir, c’est à sa discrétion », certifie M. Godin. Des cas de la même espèce ont déjà connu une issue favorable, selon lui.
La décision sera communiquée à la famille par l’entremise d’un appel téléphonique de la part du personnel de l’Agence des services frontaliers du Canada, qui lui va se conformer aux directives du ministre de l’Immigration.
La vie après le Canada
La famille ne sait pas ce qu’elle fera une fois qu’elle aura traversé l’océan, si jamais cela survient. « J’ai la chance d’avoir une très bonne amie qui peut nous accueillir en attendant. Mais on ne peut pas rester en France. Si on en est partis, c’est parce qu’on ne veut plus y vivre. On verra en Europe », affirme Maïlys Imbeault.
« Je ne veux pas retourner en France. Je n’ai pas de souvenirs en France. Il y a tous mes amis ici », insiste Nolhan, 9 ans.
« Si on doit partir dimanche, on comprend puis on le fera. On a respecté jusque-là. Mais pour moi, c’est vraiment important d’avoir parlé de notre histoire parce que j’aimerais que toutes les familles qui vont se retrouver peut-être un jour dans notre situation ne le vivent pas. On le fait pour nous, on le fait pour notre famille, mais je le fais aussi pour tous les gens qui ont envie de venir ici. C’est un pays merveilleux et c’est tellement dommage qu’on se retrouve dans cette situation », affirme la mère de famille.
Dépanneur à vendre
Advenant le départ des Imbeault-Saint-Agne, le dépanneur Grande-Ligne, dont Guillaume est copropriétaire, devra être vendu. Le commerce est fermé depuis deux semaines en raison du contexte dans lequel la famille est plongée malgré elle depuis que leur demande d’asile a été rejetée, en juin. Au cours de l’été, Maïlys a aussi été contrainte de mettre sa carrière sur la glace pour gérer la problématique avec l’État.