Pendant les vacances, on va, on vient et l’actualité nous glisse entre les doigts, du moins, partiellement. C’est ainsi qu’au retour d’un séjour de camping, en parcourant les journaux de cette période, j’ai appris le décès de Jacques-Yvan Morin. Pour les plus jeunes, rappelons que cet éminent juriste fut ministre à trois reprises au sein du gouvernement Lévesque, notamment à l’Éducation et aux Affaires intergouvernementales. D’une compétence internationalement reconnue, il fut professeur invité dans plusieurs universités notamment à la Haye, à Paris, à Lyon et à Nice.
Mais pour moi, sur un plan plus personnel, il fut un des meilleurs professeurs que j’ai eus à l’université, plus précisément en droit international. Et, c’est curieusement par l’enseignement dans cette matière que cet homme a renforcé ma conviction indépendantiste. À l’époque, d’ailleurs, c’est dans les groupes souverainistes qu’on retrouvait les gens les mieux informés sur les questions internationales. Je l’ai moi-même constaté, ayant participé à plusieurs débats avec des fédéralistes.
Je retiens deux enseignements majeurs des propos de Jacques-Yvan Morin. Il a d’abord fait mentir tous ceux qui prétendaient que lutter pour l’indépendance de son pays était un signe de fermeture aux autres. C’est, disait-il, exactement le contraire : être indépendant serait la seule façon de faire entendre notre voix parmi celles des autres nations et, par conséquent, de participer pleinement à la résolution de problèmes internationaux. C’est aussi une question de logique : si on considère que nous formons une nation, il convient que nous soyons reconnu comme tel par les autres nations.
L’autre élément important de l’enseignement de Morin était le suivant : on ne fait pas l’indépendance entre gens de gauche ou de droite, on fait l’indépendance avec tout le monde. L’indépendance c’est le coffre à outils. Après, on pourra débattre entre nous sur ce qu’on veut construire avec nos outils et la manière de le faire. Et, comme dans les pays normaux, des gens plus à gauche et d’autres plus à droite offrirons leurs solutions. La division des indépendantistes est un non-sens, disait mon professeur. Le temps lui a donné raison et l’actualité en est la confirmation.