Pénurie et contrecoups en usine pour le secteur manufacturier 

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Par Stéphane Pelletier
Pénurie et contrecoups en usine pour le secteur manufacturier 
La pénurie de main-d'œuvre demeure aujourd'hui le plus grand frein à la croissance des entreprises manufacturières. (Photo : Getty Images / Louise Beaumont)

Lors de la dernière année, près d’une entreprise manufacturière sur trois a pensé déménager une partie de ses activités ou donner davantage des contrats à l’étranger. Il y a actuellement 1210 postes vacants dans ce secteur dans la région de la Capitale-Nationale, selon les chiffres du deuxième trimestre de 2023 dévoilés par Statistiques Canada.

Bien que l’on dénote une légère diminution en comparaison au premier trimestre, 1470 postes vacants, la pénurie de main-d’œuvre est encore l’enjeu qui fait le plus mal aux entreprises manufacturières. Au Québec, pas moins de 7 G$ ont été laissés sur la table dans la dernière année en raison de cette situation qui persiste dans ce secteur. De ce nombre, 4 G$ représentent des pertes entrainées par des contrats refusés et des retards accumulés et 3 G$ constituent des pertes résultant d’investissements retardé ou annulé. « À l’échelle provinciale, on en est à près de 25 000 postes vacants. La pénurie de main-d’œuvre demeure aujourd’hui le plus grand frein à la croissance des entreprises manufacturières », révèle Véronique Proulx, présidente-directrice générale, Manufacturiers et Exportateurs du Québec. Elle note également que ces entreprises poursuivent les investissements pour automatiser et robotiser leurs opérations afin d’être capable de faire plus avec moins.

Ça fait mal

Problématique généralisée dans ce secteur, 98 % des entreprises sondées affirment avoir des postes vacants et en recensent en moyenne 42 à combler. La majorité d’entre elles ressentent les conséquences de cette pénurie en constatant des retards de livraison (82 %), une augmentation des coûts (73 %) et une insatisfaction des clients (62 %). 

Devenir plus attrayant 

Bien que les postes les moins bien rémunérés soient les plus difficiles à combler, ceux vacants à salaire compétitif sont les plus nombreux. En effet, 50 % des postes à pourvoir au sein des entreprises manufacturières se trouvent dans la tranche salariale de 20 $ à 29 $ de l’heure. « Le salaire moyen dans le manufacturier est de 27 $ de l’heure. On offre de bonnes conditions, mais le secteur est mal connu et mal perçu par les jeunes, les femmes et plusieurs clientèles. On pense souvent que le secteur manufacturier est désuet, vieux, que c’est beaucoup de tâches manuelles, que c’est sale et que c’est bruyant. Ça a été vrai pour plusieurs entreprises. Cependant, depuis plusieurs années, on constate une transformation numérique. Donc, l’environnement de travail change beaucoup », commente Mme Proulx.

Secteurs les plus touchés

Les chiffres de Statistiques Canada démontrent que la Capitale-Nationale a un taux de postes vacants de 4,1 %, légèrement inférieur à la situation de l’ensemble du Québec qui est de 4,6 %. Ces mêmes résultats estiment que les secteurs où la pénurie se fait le plus durement sentir sont la fabrication d’aliments, la fabrication de produits métalliques ainsi que la fabrication de produits informatiques et électroniques. « La compétitivité et le développement de nos entreprises manufacturières de la Capitale-Nationale et de notre économie en ont souffert. Le gouvernement doit, cette fois-ci, s’assurer que sa planification ait un réel impact pour combler les besoins de main-d’œuvre des entreprises et des manufacturiers du Québec », clame la présidente-directrice générale.

Augmenter l’immigration

Pour les trois prochaines années, afin de contrer la tendance, Manufacturiers et Exportateurs du Québec demande au gouvernement d’admettre 90 000 immigrants permanents annuellement. Notamment, parce que les défis de la main-d’œuvre ne feront qu’augmenter. « Quand on regarde, pour les 10 prochaines années, le ministère de l’Emploi (et de la Solidarité sociale) a fait des projections et il y a 1,4 million de postes à combler. Pour que cela ait de l’impact chez les manufacturiers, il faut s’assurer que dans les stratégies et les politiques, on laisse plus de place à des immigrants économiques qui ont travaillé comme soudeur et comme électromécanicien par exemple », précise Mme Proulx.

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