« On ne s’en cachera pas, ça a été une saison extrêmement difficile », atteste le président de l’UPA pour la région Capitale-Nationale et Côte Nord, Yves Laurencelle. Selon lui, il y a même des producteurs qui se questionnent à savoir s’ils vont passer à travers ou pas.
Inflation, taux d’intérêt, saison agricole désastreuse, voilà autant d’éléments qui plombent la rentabilité des fermes de la province.
Pour le secteur agricole, la mise à jour économique du gouvernement Legault aurait été l’occasion toute désignée pour redonner espoir à toutes ces entreprises qui se questionnent sur leur avenir.
Les garanties de prêts qui ont été annoncées de même que les ajustement aux programmes existants sont évidemment perçues comme des mesures positives et nécessaires, mais elles s’avèrent insuffisantes pour traverser la crise, soutient l’UPA.
Rencontres refusées
« Ce n’est pas seulement le ministre qui ne croit pas à son ministère, c’est l’ensemble du gouvernement qui ne croit plus au ministère de l’Agriculture, selon M. Laurencelle. Cette semaine, ça faisait une troisième fois qu’on interpelait le ministre responsable de la Capitale-Nationale pour une rencontre, il a refusé pour une troisième fois de suite. »
Yves Laurencelle dénonce le peu d’intérêt que le gouvernement manifeste envers les agriculteurs.
« Ils sont tellement ancrés dans une ligne de parti, dit-il, ils sont tellement fort. Ce gouvernement est mené par deux personnes, Legault et Fitzgibbon. On est pas écouté, on est zéro écouté. »
Assuré ou non
Le président constate que pour les agriculteurs, il coûte plus cher de s’assurer que de payer le peu de perte de l’année. Ce qui fait que les producteurs font le choix de ne pas s’assurer. « Quand t’es assuré, les coûts pour avoir mis en terre sont remboursés, mais tu n’as pas dégagé de bénéfice, donc tu n’as pas d’argent pour l’année prochaine pour faire les semences et les travaux de sol », explique-t-il.
Les producteurs ont besoin de liquidité, puisque les fermes n’ont même pas réussi à produire. Les assurés ne recevront que ce qu’ils ont perdu pour avoir mis en terre, selon M. Laurencelle.
Coûts des intrants
Présentement, on est confrontés à d’autres réalités. Entre autres celle du coût des intrants qui ont explosé depuis la pandémie. Moulée, foin, pièces de tracteur et de machinerie, tout a doublé et triplé.
Le litre de diesel qui valait 72 sous avant la pandémie coûte maintenant 1,68 $, soit deux fois et demie plus cher.
Excès d’eau
L’excès d’eau dans les champs a représenté un grave problème et là encore les producteurs sont en attente d’un coup de pouce.
Un sondage révèle que 52 % des entreprises ne participent pas à l’assurance récolte et ne bénéficieront pas des ajustements annoncés; 60 % ont été affectés non seulement par l’excès d’eau, mais aussi par le gel, la grêle et autres dommages induits par le climat; 51 % craignent l’impact sur la saison 2024 en raison de la pourriture, la maladie, les plants cassés et déracinés.
Champs inondés
« Ça a été ça le pire, dit le président UPA. Juste en juillet et août, 276 millimètres de pluie sont tombés. Dans Portneuf, j’ai vu des champs inondés, j’avais jamais vu ça, c’était des rivières dans les champs. J’ai vu des fraisières complètement inondées, c’était affreux. »
Les conséquences ne sont pas seulement ponctuelles, mais occasionneront des pertes pour l’an prochain. Le pourriture sclérotique dans le système racinaire des fraises s’installe et l’an prochain, le rendement sera affecté.
Dans Portneuf
Le président de l’UPA dans Portneuf, Christian Hébert, parle dans le même sens. « C’est une saison catastrophique. Pour nos plus vieux producteurs à l’UPA de Portneuf, c’est la pire saison à vie, personne avait vu quelque chose du genre. »
Une rencontre avec le ministre André Lamontagne était prévue cette semaine. L’équipe du ministre a déjà contacté le gouvernement fédéral pour déclencher le programme Agri relance. Le Fédéral peut intervenir dans une situation extraordinaire. Pour l’instant, le Fédéral a pas répondu au Provincial pour déclencher le programme.
« Si le programme ne déclenche pas, ça va faire que toutes les liquidités de nos fermes ont passé sur les coûts supplémentaires que ça nous a coûté cette année. On se retrouve à avoir nos marges de crédit accotées et on est pas capable de commander nos semences pour l’année prochaine. »