1re de 2 — Alors que certains adeptes du multiculturalisme n’osent même plus prononcer le mot Noël, parce qu’il n’est pas inclusif et pourrait vexer certaines personnes de croyances autres que la nôtre, il importe de faire quelques mises au point. D’abord, peut-on encore parler de croyance alors que nous sommes devenus collectivement le peuple le plus laïque de l’Amérique ? De plus, le mot Noël évoque une fête chrétienne, alors que dans les faits, celle-ci est devenue plus profane que religieuse. Or, avant d’envoyer le p’tit Jésus aux oubliettes, il faudrait peut-être reconnaître qu’il fait partie de la famille. Un retour aux sources peut nous aider à y voir clair.
Depuis toujours, ceux que les croyants appelaient « les païens » ont tenté d’ amoindrir les jours sombres du solstice d’hiver par des fêtes qui célébraient la lumière. Avec l’avènement du christianisme, ce fut l’occasion de célébrer la naissance de celui qui en fut la source inspirante et, du même coup, effacer la fête païenne. C’est au 4e siècle que le pape Libère va décréter que Jésus est né le jour du solstice d’hiver. Or, Jules César avait décidé que le solstice d’hiver était le 25 décembre et non le 21. De plus, même si les historiens ont calculé que Jésus serait né 6 ans avant notre ère, et ce, à une date inconnue, l’Église va décréter que Jésus est né le 25 décembre de l’an 1, six ans après sa naissance. Pendant 1500 ans, Noël a été vécue comme une fête religieuse chrétienne. Ironie de l’Histoire, les dernières décennies ont vu revenir en force, la fête païenne, surtout dans nos pays développés où le commerce s’est emparé de Noël et où saint Nicolas a cédé la place, en 1931, au gros bonhomme à barbe blanche, habillé en rouge et blanc et mis en marché par Coca Cola. Il n’en demeure pas moins que des siècles de littérature et d’art perpétuent le Noël chrétien. Il ne faudrait pas que ces œuvres soient effacées sous prétexte que nous ne sommes plus religieux. Encore faut-il qu’il y ait transmission pour que se développe une mémoire. Il faut donc que les jeunes d’aujourd’hui puissent savoir de quoi on parle quand on leur explique que notre passé a fait de nous un peuple de culture chrétienne au-delà des convictions ou de la pratique. La fête du p’tit Jésus, comme on l’appelait affectueusement, est l’occasion rêvée de raviver cette mémoire.
(NDLR) La deuxième partie de ce billet sera publiée dans notre édition du 20 décembre 2023